Je travaille dans le domaine de la production de logiciels et de la modélisation 3D. Je suis donc très inspiré par l'évolution des imprimantes 3D, qui permettent de reproduire en plastique pratiquement tout objet que j'ai conçu.
Grâce à la réduction des coûts et à la sophistication des systèmes d'impression mêlant divers types de matériaux, on peut travailler sur des projets directement liés à la médecine: par exemple, on a déjà testé un appareil capable d'"imprimer" les oreilles et les cartilages. Ce qui est remarquable dans cette approche de la production, c'est qu'il est réellement possible de créer des objets utiles et de les appliquer dans la vie réelle pour aider les gens. Cela est accessible aujourd'hui non seulement aux médecins ou aux chercheurs, mais également à tout passionné d'informatique.
Chaque cas est particulier, bien sûr, mais aujourd'hui le gros de la demande se concentre sur les solutions pouvant sortir d'une imprimante 3D classique, dont le coût est comparable à celui d'un ordinateur personnel. Et ces prothèses savent déjà saisir et tenir des objets.
Pourquoi ça marche
Avec l'utilisation libre des logiciels et la démocratisation du matériel informatique, cette technologie a depuis longtemps quitté les laboratoires pour se retrouver entre les mains des amateurs de nouveauté: les designers, les constructeurs ou encore les bio-ingénieurs. Beaucoup d'entre eux forment des communautés (ils sont souvent soutenus par des géants comme Google) et diffusent gratuitement des fichiers prêts pour impression avec des modèles de prothèses mobiles de mains et d'avant-bras, ainsi que des instructions détaillées.
Le coût final de la prothèse pour l'utilisateur est ainsi considérablement réduit. En moyenne, les dépenses pour les composants nécessaires à l'impression et l'assemblage de la prothèse avec un mécanisme de traction sans servocommande ni système électronique contrôlant les muscles de la main ou de l'avant-bras peuvent varier entre 3 000 et 8 000 roubles (40 à 100 euros).
Cela comprend le prix du plastique spécial, l'ensemble des éléments de fixation et les fils élastiques assurant la flexibilité et la possibilité de serrer ou de desserrer les doigts artificiels. L'assemblage peut être réalisé sans compétences professionnelles grâce aux instructions vidéo publiées sur les sites des communautés de "fabricants" bioniques, comme se font appeler les partisans de l'implantologie avec les technologies d'impression 3D.
Un autre avantage des bras artificiels imprimés est la possibilité de les modifier entièrement, d'en choisir soi-même la couleur et le design.
Imaginez un enfant à qui il manque une partie du bas manquante: pour qu'il ne se sente plus comme un individu malade et défaillant mais comme le personnage d'Iron Man, il peut aujourd'hui être doté d'un dispositif remarquable et surtout fonctionnel qui imiterait entièrement le costume du célèbre héros. Et les enfants de son âge, au lieu d'en avoir pitié, l'envieraient.
Les avocats de la médecine pourraient avoir des inquiétudes et demander dans quelle mesure ces dispositifs sont sûrs. La réponse est simple — ils sont aussi sûrs que des jouets classiques en plastique, à condition de respecter les recommandations décrites sur les sites des communautés, comme celles de ne pas s'appuyer sur ces constructions ou de ne pas essayer de grimper à un arbre. La consultation d'un médecin est vivement recommandée mais il faut noter également que des médecins participent déjà à l'élaboration des modèles de prothèses — chirurgiens, orthopédistes, thérapeutes — et qu'ils sont des membres actifs de ces communautés.
La communauté des ingénieurs bioniques est ouverte à tous, et tout le monde peut apporter sa contribution dans leur développement, que ce soit par la mise à disposition d'une imprimante 3D, l'assemblage ou encore la modélisation de nouveaux dispositifs inédits et intéressants.
Evan Using His Hand from frankie flood on Vimeo.