Une enquête réalisée par des journalistes d'Associated Press (AP) a débouché sur une "découverte alarmante", selon laquelle le Pentagone n'hésite pas à manipuler les rapports sur des crimes sexuels commis par des militaires américains pour ne pas ternir le blason des Forces armées des Etats-Unis.
"Le Pentagone a notamment désinformé le Congrès, en lui fournissant une information vague, voire fausse, sur des agressions sexuelles dans les rangs de l'armée", écrit l'agence.
Selon les médias, il arrive souvent que la police et le parquet n'entament pas de poursuites judiciaires contre soldats et officiers US qui sont par la suite traduits devant les tribunaux militaires.
Des responsables du Pentagone expliquent ce fait en prétendant que les juges militaires adoptent la ligne dure face aux criminels sexuels et que les procureurs militaires déposent des poursuites dans des dossiers auxquels renonceraient leurs homologues civils.
Pourtant, il ne s'agit en aucun cas du refus de la justice civile de se pencher sur de tels dossiers qui sont tout simplement remis d'office aux tribunaux militaires, ce qui permet au Pentagone de passer sous silence les crimes sexuels commis par des militaires.
Par ailleurs, l'opacité du système judiciaire militaire américain empêche de déterminer l'ampleur exacte de tels crimes ou de connaître la lourdeur des peines imposées aux coupables.
L'analyse réalisée par les journalistes d'AP met une fois de plus en évidence des échecs inacceptables et flagrants du système judiciaire militaire aux Etats-Unis. L'opinion américaine réclame depuis longtemps de retirer, comme le veut d'ailleurs un projet de loi, l'autorité des commandants d'unité sur l'opportunité des poursuites contre des militaires soupçonnés d’avoir commis certaines infractions, dont les agressions sexuelles.
Les partisans de l'adoption de ce document jugent inacceptable que la décision sur les perspectives judiciaires des affaires d’abus sexuels commis par des militaires revienne à leur commandant d'unité, qui peut faire taire un viol pour ne pas ternir le blason de l'armée.