Réfugiés syriens

© Photo Capture d'écran: YoutubeLe vote des Syriens au Liban
Le vote des Syriens au Liban - Sputnik Afrique
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Il y a 3 jours, le 13 avril, avaient lieu les élections législatives syriennes. Elles rappelaient les élections présidentielles de 2014 qui reconduisirent Bachar al-Assad au pouvoir pour un nouveau mandat. Ces élections sont l'occasion de revenir ici sur la question des réfugiés et leur lien à la vie de leur pays.

On peut considérer que la place des Syriens est dans leur pays, à lutter pour libérer leur terre. Nous avons l'exemple des Français s'engageant dans la Résistance, durant la seconde guerre mondiale, tout comme les Anglais qui défendirent leur île, ou encore celui des Russes qui moururent par millions pour protéger leur terre du nazisme.

Les vagues d'immigrations qui déferlent sur l'Europe, alimentées depuis la Turquie, n'ont cessé de prendre de l'ampleur depuis plus d'un an. Si bien que nous rapportons aujourd'hui ces flux migratoires, essentiellement Syriens, à la Turquie, les associant parfois à une islamisation de la société, ou à une invasion, ou encore à un plan turc visant à prendre un ascendant sur l'Europe.

Que l'on considère que la place des Syriens est en Syrie, ou que l'on retienne telle ou telle explication à leur exode massif, ne peut masquer le fait que se cachent souvent des drames humains derrière les histoires des migrants.

On ne peut parler des réfugiés syriens sans savoir où ils se trouvent. La carte ci-dessous, publiée par le Haut-Commissariat aux Réfugiés de l'ONU, le montre parfaitement.

Rapporté à sa population et à la superficie de son territoire, ce n'est pas la Turquie qui accueille le plus de réfugiés, mais le Liban. Pourtant, qui entend parler de problèmes migratoires liés au Liban? Personne, ou presque!

Les réfugiés syriens au Liban étaient répartis ainsi, suivant les données de l'UNHCR, en février 2015:

​Le Haut-Commissariat aux Réfugiés en attendait 1 825 000 fin 2015 pour ce seul petit pays. Le coût pour le Liban était estimé à 7,5 milliards de dollars pour deux ans.

Monsieur Fabius (le père, pas le fils qui était à Las Vegas) a parfois présenté les réfugiés comme un bloc uniforme de victimes fuyant les persécutions du régime syrien. Ce régime était de ce fait voué à être abattu rapidement. De telles affirmations étaient désespérantes de mauvaise foi et, en tout cas, totalement indignes de l'objectivité imposée par la grandeur de sa charge ministérielle.

Deux ans après ces déclarations, le 28 mai 2014, le président syrien fut réélu. Les réfugiés syriens au Liban, que rien n'obligeait à aller voter, s'étaient déplacés en masse, essentiellement à pied, pour aller voter dans leur ambassade, à Beyrouth.

La sécurité libanaise estima à plus de 100 000 le nombre de personnes qui s'étaient déplacées. Les plus éloignées de la capitale n'ayant pas pu faire le voyage.

La France, quant à elle, préférait interdire l'organisation du scrutin à l'ambassade syrienne de Paris, plutôt que de gérer une situation similaire, ce qui aurait désavoué sa politique extérieure. Elle déclara: Nous avons notifié à l'ambassade de Syrie en France que cette élection ne se déroulerait pas sur le territoire français.

La France passa outre le problème juridique que posait sa décision. Une ambassade bénéficie d'une immunité diplomatique qui empêche le pays hôte de prendre la moindre décision concernant son fonctionnement.

Au contraire, l'article 25 de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques prévoit que L’État accréditaire accorde toutes facilités pour l'accomplissement des fonctions de la mission. Non seulement nous ne pouvions pas empêcher ce scrutin dans l'ambassade de Syrie, mais nous avions l'obligation légale, au plan international, d'aider à son bon déroulement.

Parallèlement à ces réfugiés qui avaient fui la guerre, de graves difficultés se firent jour dans les camps de réfugiés proches de la frontière libanaise. Les mouvements extrémistes d'Al Nosra et de Daesh envahirent ces camps et s'organisèrent en base arrière de lutte contre l’État syrien. Les attentats se multiplièrent sur le sol libanais et des combats eurent lieu avec l'armée libanaise, essentiellement dans la région d'Arsal.

Nous retrouvions ici l'un des problèmes majeurs de l’afflux de réfugiés en Europe: l'infiltration de ces flots de migrants par des islamistes dans le but d'étendre leur guerre. Pour autant, le Liban a-t-il fermé ses frontières en renvoyant tous les réfugiés chez eux? Le pouvait-il seulement? La question n'était pas simple, et quelle que fût la décision prise, elle allait entraîner des pertes humaines.

Nous aurions pu décider d'aider le Liban, mais nous n'avons rien fait. Au contraire, la France a accordé la Légion d'Honneur au prince saoudien qui a annulé l'aide de 3 milliards de dollars d'armements destinés à l'armée libanaise dans sa lutte contre le terrorisme…

Le Liban aurait pu envoyer en Europe des centaines de milliers de migrants, en les faisant accoster à Chypre, pour nous soutirer ensuite de l'argent en échange de leur retour. Mais ce pays a une éthique et une grandeur qui n'est pas à la portée de tous. À ce jour encore, il ne cesse de lutter contre le terrorisme et l'islamisme radical, tout en œuvrant à accueillir les réfugiés.

Le général français Jean-Bernard PINATEL assimilait les migrants à une bombe humaine, nouvelle arme non-conventionnelle utilisée par (presque) tous. Même si, dans les faits, ce sont les Turcs qui en usent le plus. S'il n'est pas possible de nier cette analyse militaire, il ne l'est pas davantage de réduire le problème des migrants à ce seul aspect.

Aujourd'hui, les migrants nous confrontent à des choix de société que nous devrons inévitablement trancher. Nous pouvons fermer nos frontières pour protéger nos populations contre des attaques que ne manqueraient pas de lancer ceux qui ne fuient pas la guerre mais veulent la propager. Nous pouvons également assumer pour notre population les risques de morts, de viols et autres agressions, au nom de ceux qui ont réellement besoin de trouver un refuge où vivre en paix.

Quel que soit le choix politique que nous ferons, il y aura des victimes innocentes dont le regard accusateur viendra nous hanter, et d'autres personnes que nous aurons sauvées et qui nous en seront éternellement reconnaissantes. Notre choix se résume donc à choisir qui nous acceptons de voir vivre ou de voir mourir.

À moins que nous n'acceptions enfin d'aider le peuple syrien et ses représentants élus à lutter contre le terrorisme qui détruit leur pays. Car cette solution reste la seule qui, à long terme, permettra aux Syriens de retrouver leur patrie et de la reconstruire.

 

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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