Moscou est préoccupé par l'aggravation de la situation en Macédoine où des actions de protestation massives se poursuivent et exhorte toutes les forces politiques du pays à éviter la violence, rapporte la diplomatie russe.
"C'est avec une vive préoccupation que nous avons accueilli la nouvelle d'une aggravation de la confrontation politique en Macédoine ainsi que celle de heurts à Skopje. Nous exhortons toutes les parties à engager un dialogue politique, à renoncer à toute provocation susceptible d'attiser la crise qui ne cesse depuis plus d'un an", lit-on dans le communiqué du ministère russe des Affaires étrangères.
Moscou appelle toutes les forces politiques du pays et les représentants de la communauté internationale à œuvrer à un règlement pacifique de la crise politique en Macédoine, tout en respectant les démarches et les décisions des autorités légitimes de Macédoine.
Selon la diplomatie russe, l'opposition macédonienne "est devenue un instrument d'embrasement, y compris de l'extérieur, du conflit politique que le pays traverse pour torpiller les élections législatives anticipées prévues le 5 juin prochain, lesquelles consituent la seule issue légitime et démocratique de cette crise prolongée. La tenue de ces élections a été concertée l'été dernier avec le concours énergique de l'Union européenne et des Etats-Unis.
"Les partenaires occidentaux doivent respecter les ententes enregistrées et leurs propres engagements. Nous jugeons inadmissible toute tentative de déstabiliser la situation fragile en Macédoine avec son contexte ethno-confessionnel extrêmement complexe. L'application du +scénario ukrainien+, l'incitation de l'extérieur à des actes illégitimes et à un coup d'Etat seraient lourdes de profonds cataclysmes pour la Macédoine et d'une déstabilisation pour l'ensemble des Balkans", prévient la diplomatie russe.
L'interminable crise politique traversée par cette République du sud des Balkans, s'est brutalement envenimée mardi dernier quand le président Gjorge Ivanov a blanchi par décret plus de 50 personnalités susceptibles d'être impliquées dans un scandale d'écoutes illégales et de corruption. Mardi soir, de nombreuses pancartes étaient brandies à Skopje pour exiger des "élections libres et honnêtes".
Mais malgré le boycott annoncé par l’opposition, qui en souhaite le report, les élections législatives anticipées en Macédoine se tiendront bien le 5 juin. Cette décision du pouvoir est de nature à aviver la colère de l'opposition contre le VRMO-DPMNE (droite conservatrice au pouvoir).
L'opposition affirme notamment que les conditions d'un vote équitable ne sont pas réunies. Elle dénonce des listes électorales truquées, une mainmise du gouvernement sur les médias, et de manière générale des atteintes graves aux libertés publiques.
La Macédoine est peuplée de quelque 2,1 millions d'habitants majoritairement slaves mais un quart sont albanais et ont leurs propres partis. C'est un pays à l'économie fragile, où selon la Banque mondiale plus d'un habitant sur cinq vivait en 2014 sous le seuil de pauvreté. Par ailleurs, la Macédoine est confrontée à la crise migratoire depuis plusieurs mois.
Skopje est candidate depuis 2005 à l'adhésion à l'UE et depuis 2009 à l'Otan.