Les Iraniens renoncent massivement au pèlerinage de La Mecque

© AP Photo / Mosa'ab ElshamyDes pèlerins priant à La Mecque
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Le nombre d'Iraniens qui effectueront cette année le pèlerinage de La Mecque est sensiblement en baisse. Quel préjudice cela portera-t-il à l'Arabie saoudite?

Au moment où les relations entre l'Iran et l'Arabie saoudite traversent la pire période de leur histoire, le directeur de l'Organisation iranienne du Hadj s'est rendu à Riyad à l'invitation de son homologue saoudien pour régler les questions relatives au pèlerinage des fidèles iraniens à La Mecque.

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L'obtention d'un visa saoudien constitue l’obstacle le plus important pour les hadjis iraniens, car les relations diplomatiques entre les deux pays ont été unilatéralement rompues par le royaume wahhabite. Cette démarche de Riyad a entraîné des métamorphoses psychologiques dans la société iranienne, poussant ceux qui envisageaient de se rendre à La Mecque à reporter leur voyage à une époque plus favorable par crainte du comportement agressif des autorités saoudiennes.

L'aspect matériel n'est pas moins important. Les pèlerins iraniens sont
traditionnellement réputés ne pas lésiner sur le hadj. A la différence de leurs coreligionnaires d'autres pays enclins à économiser sur tout, les Iraniens dépensent d'habitude quelque 1.000 dollars (environ 892 euros) rien que pour les cadeaux et les souvenirs. Les dépenses moyennes d'un hadji iranien s'élèvent à 2.500 dollars (environ 2.230 euros). Vu la situation économique actuelle de l'Iran, ceux qui peuvent se le permettre ne sont pas nombreux.

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Il est aussi à noter que les Iraniens ont une triste expérience de pèlerinage sur les lieux saints de l'Islam. Il suffit de citer le massacre de 1987 lorsque la garde nationale saoudienne a tiré sur les pèlerins iraniens, faisant plus de 400 morts. Le guide suprême de la révolution islamique, l'ayatollah Khomeini, a émis à l'époque une fatwa interdisant aux iraniens de se rendre à La Mecque. Or, de nombreux fidèles ont contourné cette interdiction pendant plusieurs années en effectuant un pèlerinage via la Turquie, l'Afghanistan, le Pakistan et d'autres pays. Le visa saoudien étant vendu au marché noir entre 10.000 et 20.000 dollars (entre 8.920 et 17.840 euros), beaucoup acceptaient de payer cette somme. Il n'est pas exclu que de nos jours, les fidèles désireux de se rendre à La Mecque soient prêts à assumer des dépenses similaires.

Mais la sécurité des pèlerins iraniens n'est nullement garantie. Vu l'animosité qui distingue l'attitude des sunnites saoudiens à l'égard des chiites iraniens, aucun incident n'est à exclure. Il est aussi à noter qu'un incident fâcheux a déjà eu lieu en 2015, où 464 ressortissants iraniens ont trouvé la mort dans une bousculade géante à Mina. Personne ne peut garantir qu'une telle tragédie ne se répétera cette fois non plus. Vu l'absence de relations diplomatiques entre les deux pays, les pèlerins iraniens ne pourront pas bénéficier de l'assistance consulaire. Pire, en cas d'accident majeur, les Iraniens décédés seraient enterrés sur place.

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