Une fois de plus le problème du djihadisme se retrouve au centre d'un film de fiction. Cette fois-ci, c'est un cinéaste turc qui prend le relais et fait la lumière sur les activités des groupes extrémistes, mais aussi et surtout sur le rôle qu'y joue le pouvoir politique.
Ainsi, lors d'une scène où le héros principal, Mehmet, dîne avec les membres de sa famille conservatrice, l'on peut entendre une partie d'un discours du président Recep Tayyip Erdogan critiquant les autorités syriennes.
"Dans la scène qui y précède, nous voyons un prêcheur salafiste appeler à rejoindre le djihad en Syrie, à tenir tête au pouvoir syrien. Nous avons pris pour base une vraie allocution prononcée par un salafiste ayant reçu une éducation religieuse en Arabie saoudite. Le spectateur attentif remarquera à quel point ces deux interventions se ressemblent", indique le cinéaste Mustafa Kenan Aybastı.
"Rien ne distingue les propos du prêcheur de ceux du président Recep Tayyip Erdogan du point de vue de l'approche politique et de l'hostilité qu'ils portent. C'est cette vérité que nous voulons véhiculer au public", poursuit-il avant d'ajouter que Yolculuk, premier film turc consacré au problème de l'extrémisme islamiste, devait avant tout être visualisé par ceux qui veulent rejoindre le djihad.
Le héros principal, Mehmet, est en quête de sens. Ce jeune homme se trouve sous l'influence de son père despotique, de sa famille conservative et des membres d'une organisation islamiste qu'il fréquente régulièrement.
Beran Soysal, qui a incarné Mehmet, considère qu'au fond de lui-même son personnage ne voulait pas devenir djihadiste.
"A mon avis, l'homme, qui n'a pas complétement perdu son humanisme, sa capacité de sentir et de réfléchir, ne peut pas rejoindre le djihad. Mehmet aime une jeune femme mais ne sait pas comment se comporter avec elle car toute sa vie il a été formée sous l'influence des doctrines radicales. A chaque fois qu'il essaie de faire un pas de côté, il ressent le poids du lourd fardeau des traditions et de la morale religieuse et (…) recule", explique l'acteur.
Selon le cinéaste, il était prévisible que la politique d'Ankara vis-à-vis de la Syrie finirait mal et transformerait tôt ou tard la Turquie en une cible pour les terroristes.