Photos choc, titres sensationnels, accusations frontales… A lire les grands médias mondiaux, il semblerait que le président russe Vladimir Poutine soit le personnage clé des Panama Papers, ou au moins figure parmi les leaders mondiaux impliqués dans l'enquête sur le scandale de la finance offshore. Et pourtant, pas un seul des millions de documents ne mentionne Poutine…
All you need to know about the #panamapapers leak (in English): https://t.co/3esQRlBiHw pic.twitter.com/UovmXRjh6t
— Süddeutsche Zeitung (@SZ) 4 апреля 2016 г.
Si les Etats-Unis sont les grands absents de l’enquête, certains médias occidentaux, Guardian et Libération en tête, ont immédiatement illustré leurs articles avec des photos… du président russe Vladimir Poutine. Comme s’il était éclaboussé à l’instar du sauveur de la démocratie ukrainienne Piotr Porochenko, ou du roi de l'Arabie saoudite, le père du prince d'Arabie saoudite récemment décoré de la Légion d'honneur.
Oui, Vladimir Poutine. Celui-là même à qui l’on prête chaque année une fortune de plusieurs dizaines de milliards de dollars à l’issue d’enquêtes plus douteuses les unes que les autres. Qu’en est-il réellement?
Sur les 11,5 millions de documents secrets, que personne n’a jamais vus à part les journalistes de grandes éditions mondiales triés sur le volet, le nom de Vladimir Poutine n’est jamais mentionné.
Certaines revues vont même jusqu'à illustrer les articles concernant des "amis d’enfance" de Poutine avec des photos du président russe, une démarche plutôt étonnante venant de la presse dite "de référence".
Les deux seuls Russes mentionnés dans les documents sont Sergueï Roldouguine, violoncelliste russe de renommée internationale, et le milliardaire russe Arkadi Rotenberg.
Les journalistes font référence à deux anciennes histoires, dont l'une remonte à la fin des années 1970, quand "les jeunes Sergueï Roldouguine et Vladimir Poutine se lient d’amitié et sont +presque comme des frères+", selon les médias, et l'autre aux années 1960 quand "à l’adolescence, ils (Rotenberg et son frère, ndlr) se sont liés d’amitié avec lui en pratiquant le sambo, un art martial russe, et le judo".
En outre, le fait que l'enquête de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project soit foncièrement polarisée "contre" la Russie n’a rien de vraiment étonnant quand on regarde ses sponsors au bas de sa page Internet: la fondation Open Society du milliardaire George Soros, foncièrement hostile à la Russie et interdite dans ce pays, et l’USAID, elle aussi bannie de Russie.
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a déclaré que bien que Vladimir Poutine ne figure pas dans les comptes reliés à des sociétés offshores, la publication était orientée sur le public intérieur russe et présentée de façon à déstabiliser Vladimir Poutine à la veille des élections législatives de 2016.
"Sans aucun doute, on a créé un produit d'information activement diffusé sur notre scène politique. Ce produit cible le public intérieur, bien que Vladmir Poutine n'y figure pas expressément et que d'autres pays et leaders soient, eux, impliqués", a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov.
"Pour nous, il est évident que la principale cible des publications est notre président, surtout dans le contexte des élections parlementaires à venir (…) et des élections présidentielles dans deux ans… Ainsi que, globalement, la stabilité politique dans notre pays", a souligné Dmitri Peskov.
Les données, qui proviennent du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca, ont été obtenues par le journal allemand Süddeutsche Zeitung grâce à une source anonyme. Elles mentionnent nommément douze chefs d'Etat, cinq d'entre eux étant encore en activité, dont le président ukrainien Piotr Porochenko, l'ancien président de soudanais Ahmed el Mirghani, le président des Emirats arabes unis et émir d'Abu Dhabi Khalifa bin Zayed bin Sultan Al Nahyan.
D'autres sont mentionnés à travers leurs proches, dont le père du premier ministre britannique David Cameron, la première famille d'Azerbaïdjan, la famille du président chinois Xi Jinping. Le président russe, lui, n’est mentionné que par le biais de ses "amis intimes".
Pourtant, l'authenticité des documents n'est pas prouvée. De surcroît, la société Mossack Fonseca a déclaré qu'elle refusait de certifier l'authenticité des données, qualifiant les actes des journalistes de "crime".