La plupart des Ukrainiens nourrissent des illusions dangereuses, vu qu'elles ne vont pas se réaliser, estime Doug Bandow, ex-assistant spécial du 40e président américain Ronald Reagan, dans un article de Forbes.
L'Ukraine ne devrait pas gaspiller son temps à jouer la "princesse en détresse" attendant un chevalier blanc en la personne des Etats-Unis et de l'Europe. Mais il faut que tant l'Ukraine que l'Occident bâtissent leur politique dans le monde réel, se laissant guider non par des illusions mais par des faits concrets.
La vérité cruelle consiste en ce que les Etats-Unis et les pays européens n'ont presque rien en jeu sur le territoire ukrainien. Le profit économique de l'intégration du pays à l'UE (vu que l'économie ukrainienne d'aujourd'hui ressemble à un énorme trou noir) sera plus que modeste et ne se fera pas sentir avant plusieurs années.
Washington s'y intéresse encore moins. Kiev ne suscite aucune volonté d'agir: ni l'Europe, ni les Etats-Unis ne sont prêts à imposer des sanctions sérieuses à la Russie, ils ne veulent pas déclencher de guerre avec Moscou. Ils ne vont ni rendre la Crimée ukrainienne, ni aider à écraser les insurgés du Donbass, ni garantir à l'Ukraine son intégrité territoriale, ni relancer son économie en panne.
L'Ukraine ensanglantée est livrée à elle-même et ses dirigeants ne font que se duper en pensant autrement.
En cela, les reproches occidentaux sur la soi-disant agression russe ne sont que des paroles en l'air. Les acteurs vraiment dangereux sur l'échiquier ukrainien sont les nationalistes, pas les insurgés pro-russes du Donbass. De plus, l'Occident n'a jamais respecté la sécurité nationale de la Russie, alors que l'expansion de l'Otan vise vraisemblablement Moscou.
Tous ont les mains sales, mais surtout les Etats-Unis qui bombardent, interviennent et font éclater d'autres pays, sans aucun respect pour les intérêts de ces Etats et pour le droit international. Les protestations hypocrites de Washington s'agissant du comportement d'autres pays ne font que fragiliser la confiance que les autres entretiennent à son égard. Et puis, la guerre économique contre la Russie n'est pas sage, elle fera repousser à cette dernière toute idée de coopération avec l'Occident alors que les Etats-Unis par exemple ont besoin de son aide en Afghanistan, en Iran et en Syrie.
Ce conflit incessant mettra l'Ukraine dans une position de panne financière, économique et politique, et les illusions qu'elle nourrit aggraveront encore la situation. Adapter sa politique à la réalité, cela devient la tâche prioritaire de Kiev, ainsi qu'accepter le fait que l'Occident ne lui viendra pas en aide, conclut Forbes.