"S'il y a un Dieu, l'athéisme doit lui sembler une moindre injure que la religion", a dit l'écrivain français Edmond de Goncourt. Mais la plupart des pays islamiques ne sont pas d'accord avec cette idée, rapporte The Economist.
Selon l'Union internationale humaniste et éthique (IHEU), l'Arabie saoudite est l'un des 19 pays condamnant l'apostasie, le rejet public de la religion par un croyant. Le royaume wahhabite est aussi l'un des 12 pays où l'apostasie est passible de la peine capitale. Dix de ces 12 pays se trouvent au Moyen-Orient et en Afrique. Mais ces pays appliquent rarement la peine de mort, les apostats étant généralement jetés en prison et torturés.
Même les pays où l'apostasie n'est pas hors la loi trouvent des moyens de réprimer les déviations religieuses. Les tribunaux islamiques d'Oman, du Koweït et de Jordanie peuvent annuler les mariages entre les apostats ou supprimer leur droit à l’héritage. Les couples pakistanais qui renoncent à l'islam risquent de se voir retirer la garde de leurs enfants.
Les pays musulmans qui n'ont pas de lois spéciales contre l'apostasie appliquent des lois contre le blasphème.
En Egypte, un étudiant en ingénierie de 23 ans, Karim Ashraf Muhammad al-Banna, a été condamné à trois ans de prison en 2015 pour avoir affiché publiquement son athéisme sur Facebook. Il n'est pas formellement interdit d'être athée en Egypte. M.Al-Banna a donc été jugé pour "insulte aux religions". La Constitution égyptienne protège la liberté de conscience, mais interdit toute insulte à l'égard des trois religions monothéistes que sont l'islam, le christianisme et le judaïsme.
Pourtant, l'intérêt pour l'athéisme est en hausse dans la région malgré tous les risques que cela comporte. Selon l'outil Google Tendances, les sept pays où le terme "athéisme" est le plus recherché se trouvent au Moyen-Orient. D'après une étude réalisée par l'Institut WIN/Gallup International en 2012, les Brésiliens sont plus religieux que les Afghans et les Arméniens plus dévots que les Irakiens. Et il ne faudrait peut-être pas s'étonner s'il s'avère que la part réelle des athées en Arabie saoudite est la même qu'aux Etats-Unis, conclut le magazine.