La publication du projet de budget du Pentagone pour 2017 a provoqué de vives discussions dans le monde, mais aussi et surtout aux Etats-Unis en raison notamment d'un programme d'envergure concernant la modernisation de l'arsenal nucléaire américain.
Cela n'est pas étonnant, les plans proposés pour moderniser l'arsenal nucléaire du pays étant trop coûteux. Selon les calculs préliminaires, il est prévu de dépenser à ces fins entre 700 et 1.000 milliards de dollars sur 25-30 ans (entre 632 et 903 milliards d’euros). Par ailleurs, ces plans contredisent les propos du président américain Barack Obama sur son attachement à la destruction de l'armement nucléaire à Prague en 2009.
En argumentant la nécessité d'un budget aussi conséquent, le chef du Pentagone Ashton Carter a énuméré les menaces à la sécurité nationale des Etats-Unis, l'"agression russe en Europe de l'Est" en étant la principale. Il n'a pas oublié non plus la Chine, qui déstabilise la situation en Asie-Pacifique, la Corée du Nord avec son programme nucléaire, l'Iran avec ses projets balistiques et, enfin, le terrorisme, notamment l'Etat islamique (EI, Daech).
Au total, il est prévu de dépenser près de 16 milliards de dollars en 2017 (14,4 milliards d’euros) pour moderniser l'arsenal nucléaire militaire des Etats-Unis. A terme, ces dépenses devraient considérablement augmenter.
Selon nombre d'experts américains, le programme du président Obama visant à moderniser l’arsenal nucléaire augmente la "perspective d’une réelle dévastation pour tous".
"La modernisation proposée par Obama augmente notre vulnérabilité, et non notre sécurité", préviennent-ils.
Selon le "Washington Post", la restauration et la maintenance des 5.000 têtes nucléaires pourrait coûter 352 milliards de dollars au gouvernement américain (soit 318,1 milliards d’euros).
La presse américaine relève que les Etats-Unis entendent entreprendre la plus coûteuse modernisation de leur histoire, malgré les coupes drastiques effectuées dans les dépenses militaires.
Est-il possible en effet que la "menace russe" constitue l'argument principal du remplacement des systèmes périmés et de la rénovation des installations nucléaires vétustes des Etats-Unis? Il ne faut pas oublier non plus le coût de la restauration et de la maintenance des 5.113 têtes nucléaires enregistrées dans l'inventaire.
Quoi qu'il en soit, il serait pour le moins naïf de supposer que la Russie constitue la seule et unique raison d'être du programme de rénovation de l'arsenal nucléaire américain. A part les menaces évoquées ci-dessus, il s'agit sans doute des rivalités entre différentes administrations qui se disputent le budget. Somme toute, la Russie ne pourrait que se féliciter de se trouver en tête de la liste des menaces à la sécurité nationale des Etats-Unis pour la simple et bonne raison que cela ne fait que confirmer son retour en force sur l’échiquier mondial.