Le titre exact de l'initiative est: "Oui à l'interdiction de se dissimuler le visage". Grosso modo, l'objet de l'initiative est d'interdire toute personne de cacher son visage dans les lieux publics, ni de forcer quelqu'un à le cacher. En d'autres termes, porter les voiles cachant le visage (burqa, niqab), ou lors de manifestations (on pense aux casseurs), sera en infraction au regard du droit en vigueur.
« C'est une interdiction de se masquer entièrement le visage qui sera inscrite dans la constitution suisse. (…) La motivation tient à la sécurité de l'état et à l'ordre public en général. Il y a des limites dans l'espace public à ne pas dépasser: on ne peut pas se promener entièrement nu, ni entièrement couvert; il y a une forme de reconnaissance sociale, c'est une règle.
Le groupe qui a lancé des initiatives de cette sorte (NDA: Comité d'Egerkingen) est toujours parvenu à ses fins; il y a d'abord la récolte des signatures, 100 000, pendant une année et demi, et je ne pense pas que cela sera un problème: il y aura un débat, une campagne de vote, les points de vue s'exprimeront, les partis aussi. »
C'est sur cette décision que s'est basé Berne pour valider l'initiative.
Or, les questions juridiques sont souvent difficiles d'approches. C'est pour quoi, M. Vincent Martenet, professeur de droit public à l'Université de Lausanne, nous éclaire sur ce point:
L'objet de l'initiative relève en partie de la sécurité publique, mais je crois qu'il faut être au clair sur les buts visés par cette initiative: c'est de viser un symbole religieux, car il y a à la fois un motif de sécurité publique, mais aussi à un motif lié à un symbole religieux. »
Le canton de Glaris, de son côté, prépare une loi interdisant de se dissimuler le visage. Elle sera mise en votation par assemblée populaire (Landsgemeinde) en 2017.
« La population résidente ne porte en principe pas le voile intégral; cela va essentiellement viser des touristes venant du Proche et du Moyen-Orient. »
L'argument économique sera donc sans doute utilisé pour contrer l'initiative durant la campagne.
Le Tessin (Suisse italianophone) avait promulgué en effet en 2013 un article dans sa constitution cantonale interdisant de se cacher le visage dans les lieux publics, article validé par les chambres du parlement fédéral puis par les deux tiers des votants tessinois; tout contrevenant s'expose à une amende équivalente à 9 000 Euros.
L'initiative, si elle devait être acceptée par le peuple et les cantons en votation, serait inscrite dans la constitution. Une loi d'application sera votée en parlement dans les 2 ans suivant l'acceptation populaire. Elle devrait relever du code pénal.
Une fois encore, comme pour le renvoi des étrangers criminels, ou pour les minarets, le peuple et les cantons auront le dernier mot.
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