Washington a utilisé le terrorisme comme prétexte pour espionner des avocats, des journalistes et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a annoncé l'ex-agent de la CIA Edward Snowden dans une interview accordée à la chaîne espagnole La Sexta.
"Nous surveillions des avocats qui négociaient le prix des crevettes ou des cigarettes électroniques. Nous espionnions l'Unicef, des journalistes, des professeurs américains", a indiqué M.Snowden.
"Personne ne remet en cause qu'il faut avoir l'œil sur les terroristes, surveiller leur activité. Mais les documents rendus publics en 2013 montrent que le gouvernement agissait, en réalité, contre des personnes qui n'étaient pas liées au terrorisme".
Selon l'ex-agent de la CIA, les programmes étaient en réalité un outil de manipulation diplomatique, d'espionnage économique et de contrôle social.
En outre, d'après M.Snowden, l'espionnage n'a fait que prendre de l'ampleur ces derniers temps, les services spéciaux recueillant des informations "concernant tout le monde, juste au cas où".
"La surveillance est aujourd'hui encore plus agressive et plus expansionniste qu'avant. Dans mon pays, aux Etats-Unis, nous avons adopté des réformes, c'était un grand pas en avant, car pour la première fois depuis 40 ans, le pouvoir des services spéciaux publics s'est retrouvé limité au lieu d'être élargi. (…) Mais dans la plupart des régions du monde, rien n'a changé", a-t-il observé.
"Les autorités espagnoles le font (surveillent, ndlr), les autorités françaises, allemandes, et britanniques aussi. Parce que ce n'est pas cher, mais facile et utile", a poursuivi Edward Snowden.
Selon l'ex-agent des services spéciaux américains, à chaque fois que les habitants de l'Espagne envoient un message, font un appel, se rendent sur un site ou font un achat, leur démarche est enregistrée.
Évoquant lors de l'interview la question de contacts avec les services spéciaux russes, Edward Snowden a indiqué qu'il n'a jamais travaillé pour Moscou.
"J'ai pris garde à ce qu'aucun gouvernement ne puisse m'influencer. Il est curieux que mon gouvernement me critique pour être en Russie, alors que c'est lui-même m'a bloqué ici", a noté l'ex-agent américain.
"Je ne crois pas que la Russie soit intéressée par moi plus que n'importe quel autre pays. Le fait est que je n'ai jamais envisagé de rester en Russie", a-t-il rappelé.
En août 2014, la Russie lui a accordé un permis de résidence pour une durée de trois ans à condition qu'il mette fin à son activité contre les Etats-Unis.