En guise de préambule, Mme Rojtman a condamné les mesures de la loi El-Khomri qui pourraient fragiliser les conditions de travail des femmes dans l'entreprise:
"Les emplois à temps partiel sont à 80% occupés par des femmes, normalement la loi sur la flexibilisation de l'emploi prévoyait qu'on ne pouvait pas travailler moins de 24h, même s'il y avait beaucoup de dérogations. Actuellement, le temps partiel pourra être prévu par l'accord d'entreprise et le patron pourra même décider unilatéralement de la mise en place d'un temps partiel sans en informer l'inspection du travail: ainsi, les temps partiels contraints vont se développer".
Et d'ajouter: "A titre d'exemple, le plafonnement des indemnités prud'homales pour licenciement abusif feront que des femmes victimes de violences de la part du patron ou de sa hiérarchie dans l'entreprise pourront être très facilement licenciées puisque le patronat saura quel montant d'indemnités il devra leur verser. (…) En outre, les congés légaux tels que le congé de solidarité familiale ou le congé de tiers aidant qui sont majoritairement pris par les femmes seront désormais fixés par les accords d'entreprises".
En ce qui concerne l'évolution des droits des femmes ces dernières années, Mme Rojtman ne se berce pas d'illusion, loin s'en faut:
"C'est très compliqué: on arrive à faire voter des lois, on a du mal à les faire appliquer. Et c'est sur les conditions de travail où on régresse le plus: il y a au moins 5 ou 6 lois sur l'égalité salariale qui ne sont pas appliquées, il y a toujours 27% d'inégalités. Pour vous donner un exemple, la loi sur la flexibilisation, qui limitait le temps partiel à 24h: elle va voler en éclats avec la loi El-Khomri! Toutes ces choses ne vont pas dans le bon sens à l'heure actuelle".
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mardi soir à Paris pour revendiquer l'égalité entre les femmes et les hommes au travail et dans la société, tout en fustigeant la loi El Khomri, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes.