En Bretagne, le collège Sainte-Anne s'est retrouvé au cœur d'une affaire: des élèves de troisième ont été auditionnés par les gendarmes au sujet des cours de leur professeur sur la Russie et Vladimir Poutine. Ce professeur français d'histoire et de langue bretonne Pascal G. a été stupéfait d'apprendre, après une dizaine d'années d'enseignement dans la filière bilingue français-breton de l'établissement Saint-Anne de la ville d'Auray (département du Morbihan), que sa manière de traiter la Russie contemporaine a été remise en cause par la gendarmerie.
Le professeur a appris la nouvelle de ses élèves, eux-mêmes choqués par cette expérience.
Pascal G. s'occupe des cours généraux en langue bretonne dans le cadre du programme du ministère de l'Éducation, et doit également traiter "l'introduction à la géopolitique contemporaine" comme le veulent les programmes scolaires et ainsi évoquer notamment la situation actuelle en Russie. Les gendarmes d'Auray se sont employés à découvrir concrètement ce qu'il avait déclaré durant les cours d'histoire "au sujet de la Russie et de Vladimir Poutine". Pour l'apprendre, ils ont soumis le 17 février six élèves du collège à un long interrogatoire.
"J'ai d'abord fait un état des lieux de la Russie après la fin du communisme. J'ai expliqué les grandes lignes de la politique du président russe, Vladimir Poutine. Une politique qui a consisté à constituer une classe moyenne en Russie tout en s'appuyant sur le sentiment patriotique, après les années de crise de la présidence de Boris Eltsine", a expliqué le professeur, cité par le journal en ligne breton Breizatao.
De même, il a évoqué les alliances entre la France et la Russie au XXe siècle, en 1914 et entre 1940 et 1945, et a traité des actions russes en Syrie et en Irak contre Daech aux côtés des forces armées françaises.
"J'aborde l'histoire sur la base des faits, j'essaie d'expliquer la complexité des rapports géopolitiques afin de développer l'esprit critique des élèves. Je ne me prononce pas sur le bien-fondé ou non des actions menées par une diplomatie", a-t-il résumé.
Le professeur, soutenu par ses élèves, doit être lui aussi interrogé prochainement.
Curieusement, de telles démarches de la gendarmerie interviennent suite à la décision des ministres de la Défense russe et français de conjuguer leurs efforts pour combattre le groupe terroriste Daech en Syrie.