Ce système utilisera le principe de traitement séparé de la tâche, qui consiste à détruire aussi bien des cibles balistiques qu'aérodynamiques. Conformément à ce principe, des missiles différents seront installés dans des conteneurs d'aspect identique, ce qui permettra à un seul complexe d'éliminer tout type de cible: non seulement les avions et les drones quelle que soit leur vitesse ou altitude, mais également des missiles à moyenne portée, des missiles de croisière hypersoniques volant à plus que cinq fois la vitesse du son et même les ogives des missiles intercontinentaux. Le principe de traitement séparé avait déjà été appliqué avec le S-400 Triumph — le complexe de la génération précédente — mais les capacités du S-500 seront encore plus poussées.
1. Le S-500 pourra éliminer des satellites volant à orbite basse. Et ce ne sera pas la cible la plus difficile pour lui: les satellites volent à vitesse constante et n'effectuent pas de manœuvres antimissiles. En revanche, les ogives manœuvrantes des missiles stratégiques et les missiles de croisière hypersoniques se déplaçant à des vitesses pouvant dépasser cinq fois celle du son représentent un véritable défi. C'est précisément pour traiter ces cibles qu'a été conçu le S-500: ce système sera capable d'en éliminer dix à la fois, à une portée maximale de 600 km.
2. Le S-500 conservera la structure du S-400. Une division comprendra donc un poste de contrôle opérationnel, un radar de détection à longue portée, un radar toute altitude, un radar de contrôle, une tour d'antenne mobile et 8 à 12 rampes de lancement — soit 12 à 17 véhicules au total.
3. Le système d'interception américain THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) est considéré comme un rival du S-500. Il est capable d'abattre des cibles à 200 km d'altitude mais en termes de vitesse, il ne peut se permettre que des missiles d'une portée inférieure à 3 500 km. L'avantage du THAAD est son principe d'interception cinétique: l'antimissile américain frappe la cible même au lieu de faire exploser son ogive à proximité, ce qui augmente considérablement la fiabilité de l'interception quand il est question des ogives. Les ingénieurs russes travaillent encore sur la mise en œuvre de ce principe.
4. Combien coûte la paix dans le ciel? En 2007, l'agence russe d'exportation d'armements Rosoboronexport a signé avec l'Iran un contrat de livraison de cinq divisions de S-300 PMU-1 pour près de 800 millions de dollars (soit 160 millions de dollars par division). En 2014, quatre divisions de S-400 Triumph ont coûté à la Chine 1,9 milliard de dollars (475 millions pièce). En 2013 le Venezuela a reçu deux divisions de S-300V pour 1 milliard de dollars (500 millions pièce). A titre de comparaison, le THAAD américain coûte près de 2,3 milliards de dollars. Combien coûtera le S-500? Il est trop tôt pour le dire. D'ici 2020 le ministère russe de la Défense compte déployer 56 complexes régimentaires de S-400 (deux ou trois divisions dans chaque régiment) et mettre en service 10 complexes S-500.
5. Certains médias affirment que la météorite de Tcheliabinsk du 15 février 2013 a été abattue par la défense antiaérienne russe. Hélas, c'est impossible pour l'instant. Pas tant parce que la météorite de Tcheliabinsk était une immense masse rocheuse de 20 mètres de diamètre pesant 13 000 tonnes: les missiles sol-air ne sont simplement pas prévus pour éliminer de telles cibles. Toutefois — à commencer par le premier système de défense antiaérienne S-25 de Moscou — les complexes sol-air russes étaient déjà capables d'embarquer des ogives nucléaires. Il est fort probable qu'ils puissent inquiéter un "extraterrestre" encore plus imposant. Mais les conséquences d'une explosion nucléaire à Tcheliabinsk seraient encore plus terribles que celles de la météorite en soi. Surtout, la météorite volait à 18 m/s et même le S-500 est incapable d'intercepter une telle cible. Quant à l'explosion, la météorite s'en est "chargée" elle-même. Suite à son réchauffement rapide dans l'atmosphère, elle a explosé et s'est défragmentée en plusieurs éléments à une altitude comprise entre 30 et 50 km. Parmi les débris retrouvés, le plus grand pesait 570 kg. 90% du corps céleste s'est évaporé.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.