Telle est la thèse qui est ressortie de la réunion annuelle de l'Académie russe des sciences militaires, le week-end dernier. Les experts suggèrent également d'élaborer un concept de soft power — ou "puissance douce" — pour parer les menaces extérieures.
Le chef d'état-major des forces armées russes Valeri Guérassimov, vice-ministre de la Défense, a évoqué les particularités des guerres modernes, "hybrides" — mêlant révolutions de couleur, cyberattaques et autres activités préparatoires grâce au soft power. Étant donné que les révolutions de couleur — que le ministère de la Défense considère comme des coups d'État en soi — sont une forme de guerre hybride, il est "impossible d'y réagir en utilisant l'armée conventionnelle: seules les mêmes méthodes hybrides doivent être appliquées", a-t-il déclaré. Lors de la présentation de son rapport sur le sujet, il a également mentionné les opérations militaires russes en Syrie comme "un exemple de lutte complexe contre les groupes terroristes, qui implique aussi des méthodes diplomatiques et d'autres voies non militaires de coopération avec d'autres pays".
Le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine, des membres de l'académie et de nombreux experts étaient également présents. Le chef de l'Académie des sciences militaires Makhmout Gareïev a notamment présenté un rapport annuel sur le travail de l'académie. Les participants ont aussi évoqué la réforme du complexe militaro-industriel, le réarmement de l'armée, les livraisons d'armes et l'éventualité de créer des sociétés militaires privées. Ce dernier sujet a été présenté par le vice-président de la commission Industrie à la Douma et président de la Ligue des entreprises de défense, Vladimir Goutenev, qui considère que cette question sera bientôt fixée juridiquement.
Andreï Manoïlo, membre de l'académie, pense également que "la menace des révolutions de couleur n'est pas fictive". S'il souligne que les discours tenus pendant le week-end s'adressaient à un public spécialisé, il relève que les idées de l'état-major pour contrer les révolutions de couleur étaient "très professionnelles". "Normalement, les généraux se préparent aux guerres du passé, mais dans le cas présent l'état-major vise la prévention", témoigne-t-il.