John Gillingham et Marian Tupy ont consacré à ce problème un article publié par le bimensuel américain National Interest. Selon eux, la crise migratoire, la structure bancaire en état de dislocation ou, enfin, la méfiance de la population à l'égard de la classe politique ne représentent pas des dangers majeurs pour l'existence de l'UE. Le plus grave danger tiendrait plutôt au fait que le premier ministre britannique n'est pas parvenu à obtenir de meilleures conditions pour le Royaume-Uni. Les auteurs voient plusieurs raisons à cet échec.
Ensuite, le premier ministre britannique était prêt à des compromis, mais il n'a pas réussi à obtenir la majeure partie des concessions dont il avait besoin. Bruxelles a peur que d'autres membres de l'Union suivent l'exemple de Londres et demandent des concessions similaires.
En bref, David Cameron n'a obtenu que des concessions médiocres.
Pis encore, même ces concessions médiocres devront être votées au parlement de l'UE après le référendum au Royaume-Uni. En tant qu'organe souverain, le parlement de l'UE pourrait apporter des changements à tout accord approuvé par l'opinion publique de Grande-Bretagne. Ce fait embarrassant et inévitable sera, sans aucun doute, utilisé par les partisans du Brexit dans leur campagne préréférendaire.
Beaucoup pensent que la désintégration de l'UE sera un processus qui s'étalera dans le temps. Ils ont tort. Le référendum britannique peut déclencher un éclatement violent.
Dès que la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE finira d'être éventuelle et sera quasiment inévitable, ses autres membres commenceront à quitter le navire. A l'heure actuelle, il est impossible de dire qui sera le premier, mais une chose est sure: la fuite aura lieu.
Personne ne saura anticiper les développements qui suivront la désintégration de l'UE. Plusieurs prévisions s'imposent cependant.
Certaines compétences de l'UE pourraient être assumées par d'autres organisations internationales, notamment par l'OMC.
La normalisation des relations, à la suite de la dislocation de l'UE, pourra demander des mesures diplomatiques de taille, comparables à celles prises à San Francisco à l'époque de la fondation de l'Onu, ou à Bretton Woods, où ont été posés les fondements du système financier moderne.
Malgré tout ce qui a été dit, les auteurs de l'article ne sombrent pas pour autant dans le noir, et leurs conclusions sont plutôt optimistes:
"Il n'y a aucune raison de croire que le déclin de l'UE signifie obligatoirement celui de l'Europe. Qui sait, peut-être est-ce tout le contraire".