La certitude, c'est qu'il y avait des témoins et qu'ils ont vu des avions, confie Françoise Bouchet-Saulnier, directrice juridique de MSF, dans un entretien accordé à Sputnik.
"On travaille sur une présomption d'attaque aérienne, et pour renverser cette présomption, il faut que ceux qui étaient en l'air, c'est-à-dire l'armée syrienne et l'armée russe, soient elles-mêmes volontaires pour dire concrètement quels étaient leurs avions et qu'est-ce qu'ils ont fait", explique Mme Bouchet-Saulnier.
"Quatre frappes successives sur une structure, ce n'est pas une erreur ou un dommage collatéral, c'est bien une frappe ciblée", poursuit-elle.
Dans l'attaque d'aujourd'hui, il ne s'agit pas d'une petite clinique, mais d'un vrai hôpital censé assurer les soins à la population lors des combats. Vu qu'il était connu et portait même le drapeau MSF, cette frappe ressemble bien à un crime de guerre, rajoute la directrice juridique de MSF.
L'ambassadeur de Syrie à Moscou Riad Haddad est plus catégorique en ce sens, accusant fermement l'aviation américaine d'avoir détruit l'hôpital dans la province syrienne d'Idlib.
"C'étaient les forces aériennes américaines qui ont détruit l'hôpital. L'aviation russe n'a rien à voir avec cela, ce qui est confirmé par des renseignements reçus", a déclaré M.Haddad.
Plus tôt dans la journée, l'organisation internationale Médecins sans frontières avait annoncé qu'un hôpital soutenu par l'organisation avait été détruit suite à des bombardements dans le nord de la Syrie. L'hôpital a été touché par quatre roquettes au cours de deux séries d'attaques faisant au moins sept morts, huit autres personnes sont portées disparues, lit-on dans un communiqué de MSF. Aucune mention de la Russie.
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le premier ministre turc Ahmet Davoutoglu a affirmé sans hésiter qu'un missile russe avait frappé l'hôpital en lui infligeant d'énormes dégâts. Reuters a publié l'article intitulé "MSF annonce sept morts dans une frappe aérienne contre un hôpital en Syrie, la Russie ou le gouvernement syrien coupable". Et plusieurs médias y ont fait aussitôt écho, sans consulter le communiqué de MSF bien sûr.
Depuis le début de la campagne russe en Syrie, la Russie subit toutes sortes de foudres de la part de l'Occident, ces déclarations n'étant que l'un des outils de la guerre médiatique menée dès le premier jour du conflit syrien, précise l'ambassadeur.