Les Kurdes de Paris: il s’agit du génocide de notre peuple

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Aujourd’hui une déclaration de presse a eu lieu dans le centre culturel des Kurdes à Paris. Après avoir passé 24h en garde-à-vue, et avoir été tabassés et insultés par la police parisienne, les participants à la manifestation dénoncent les autorités françaises.

La manifestation a eu lieu lundi, et les massacres dans la ville de Cizre continuent. J'ai pu rencontrer Berivan Firat, membre du mouvement « Les Femmes kurdes de l'Europe » qui explique que les kurdes en ont la preuve: les personnes tuées par l'armée turques sont bien des civils, de simples habitants de la ville de Cizre:

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© SputnikDéclaration de presse a eu lieu dans le centre culturel des Kurdes à Paris
Déclaration de presse a eu lieu dans le centre culturel des Kurdes à Paris - Sputnik Afrique
Déclaration de presse a eu lieu dans le centre culturel des Kurdes à Paris

Berivan Firat: Les 66 personnes qui ont été massacrés dans cette cave, ils étaient tous des civils. Il y a plus de 15 jours de ça le député Faysal Sariyildiz de HDP (Parti Démocratique des peuples) de la ville Sirnak. Malgré la fait que les forces de l'armée turque l'avaient menacé de l'exécuter s'il se rendait dans cette immeuble pour voir les blessés, il a déclaré à la presse, en disant que si c'est nécessaire je vais payer de ma vie mais je vais voir ces personnes car je ne peux pas en tant qu'individu, en tant que député, élu par le peuple, laisser des gens mourir, dans l'inertie totale. Il s'est rendu dans cette cave et pour prouver qu'il s'agissait bien de civils, il avait noté par la suite un par un les noms des personnes qui se trouvaient dans cette cave, notamment des jeunes de 12-13 ans, par exemple la jeune fille Sultane Irmak de 15 ans, dont le corps a été identifié hier, Mehmet Tunç, un des membres du parti HDP, au Conseil général,

© SputnikSultane Irmak
Sultane Irmak  - Sputnik Afrique
Sultane Irmak

Sputnik: Comment on a su qu'ils étaient des civils?

BF : En bien en se rendant sur place, en notant les noms de ces personnes. On voyait que c'était des personnes âgées de 60 ans, des jeunes, des représentants politiques, élus, des petits garçons, des petites filles, des mères avec leurs bébés, c'était les gens qui ont fui les bombardements de l'état turc et ça fait 59 jours que la ville de Cizre et sous le couvre-feu, et ces gens ont du se réfugier dans des caves pendant de nombreux jours Faysal Sariyildiz, ce député avait des contacts téléphoniques avec ces gens-là, et il allait les voir. Il a même pleuré en disant que ces gens-là sont en train de mourir, il sont en train de perdre leur sang, ils sont en train de mourir de soif et de faim, en pleine ville, et c'est inadmissible, je n'arrive plus à dormir, j'ai honte d'être un être humain et ne pouvoir rien faire, donc il a publié la liste, avec les noms de toutes les personnes pour que les autorités turques, mais aussi pour que la cour européenne des droits de l'homme voit qu'il s'agit bien de civils, il s'agit bien des habitants de Cizre, que ce ne sont pas ne gens qui sont venus de l'extérieur.

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Sputnik: Pourquoi d'après vous, les trucs ont appelé ces gens des terroristes?

BF : Parce qu'ils veulent trouver un motif légitime, un masque, pour ces attaques, ces massacres sur ces civils. Ils parlent d' hommes armés venus de l'extérieur et avec cette liste qui a été publiée des dizaines de jours avant ça avec les noms et les âges on voit que tous ces gens-là sont les habitant de Cizre, ça veut dire ce ne sont pas des gens qui sont venus de l'extérieur. Et de cette façon avec la liste on a prouvé que c'était bien des civils et malgré cela l'état fasciste turc a refusé qu'ils soient évacués, a refusé qu'on puisse aller les récupérer. Il y a eu à un moment des ambulances qui sont venues, mais elles sont restées à 600 mètres de l'immeuble où ces gens s'étaient réfugiés, en disant il faut qu'ils viennent jusqu'à nous en marchant, sauf qu' il y avait des blindés de l'armée turque qui tiraient sur tout ce qui bougeait et ces gens-là, la plupart n'étaient pas en état de marcher puisqu'entre temps il y a eu déjà 7 personnes qui sont décédées et depuis ça: deux semaines de silence complet, on a plus du tout eu de contact avec ces gens-là. Ces gens ont été massacrés, ont été brûlés vifs, ont été gazés.

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Sputnik: Et comment les habitants de Cizre ont réagi?

BF: Les habitants de Cizre… Il y a une partie des habitants de la ville, les jeunes ont du s'armer, ont dû prendre des armes, ont dû dire, de toute manière, ils sont (les turcs) en train de nous massacrer avec leurs blindés, avec leurs bombes, avec leurs mortier, donc autant résister, autant mourir en tant que résistant en essayant de protéger les nôtres. Ceux qui ont des armes, ce sont les civils sur place qui ont été obligés de s'armer pour protéger leurs familles, leurs enfants, leurs parents.

Ces gens-là sont face à une armée régulière qui est la deuxième force de l'OTAN, qui est prétendant à entrer dans l'Union Européenne qui en plus reçoit de l'aide de l'UE pour soi-disant contenir les réfugiés. Ils jouent un chantage avec l'Europe et en plus ces réfugiés qui viennent d'Irak et de Syrie sont balancés par les voies maritimes dans l'eau et il y a des dizaines de personnes, des enfants, des femmes, qui meurent noyés. Ces réfugiés ne sont même pas protégés! Les frontières turques ne sont même pas ouvertes, c'est-à-dire que la Turquie utilise l'Europe et personne ne dit rien tout le monde ferme les yeux devant le génocide du peuple kurde, mais tous, un jour viendra tous devront rendre des comptes, ou au moins faire face à leur conscience, qu' ils disent pourquoi ils sont restés inertes face à un tel massacre, pour de simples intérêts économiques, ou pour de simples intérêts d'états.

J'ai également pu rencontrer Fatma Akdogan, membre du Croissant rouge du Kurdistan, qui a partagé avec moi ses souvenirs des 24h passées en garde-à-vue et m'a raconté, encore une fois, ce qui s'est passé dans la ville de Cizre:

Fatma Akdogan: Nous sommes parti manifester vers 12h30 à peu près, et les gens ont commencé à crier des slogans, apparemment il y a eu un petit mouvement, la police repoussait les gens de la place de la manifestation, ils voulaient les disperser apparemment mais la manifestation venait de commencer, on avait une autorisation jusqu'à 18 heures, du coup les gens ont résisté pour ne pas y aller et c'est là que ça a déclenché. Et puis nous on a vu des blessés sur le trottoir, on est allé vers eux pour voir ce qui se passe. Et c'est à partir de là que la police nous a pris, ils nous ont mis en garde à vue pour 24 heures, et la garde à vue ils n'étaient pas très adorables, parce qu'ils nous tutoyaient déjà, ils étaient irrespectueux vraiment et ils ne nous tutoyaient pas seulement, quand j'ai demandé de l'aide pour mon amie qui faisait une crise d'épilepsie, et ils m'ont insultée quelque part « ta gueule, si tu étais en Turquie tu pourrais pas ouvrir ta gueule et tout, » et on essayait de garder notre respect pour nous d'abord, et c'était vraiment désolant de voir ça vu un pays comme la France qui se considère démocrate, qui nous traite de cette manière-là c'est intolérable pour nous

Sputnik: Pouvez nous raconter ce qui se passe actuellement à Cizre? Quelles sont les dernières nouvelles?

FA: A Cizre, vous savez depuis 2 mois il y a un blocage, interdiction de sortir et rentrer dans la ville, pas seulement sortir et rentrer de la ville mais l'interdiction de sortir de chez soi, donc le couvre-feu, et les gens depuis 2 mois on ne sait pas quel est leur sort. Est-ce qu'il y a des vivants encore dans la ville, apparemment il y a des vivants, mais comme il n'y a pas de communication on ne sait pas combien de personnes restent en sous-sol des immeubles et en sous-sol des maisons. On est venu manifester parce que justement ils ont tué 60 civils en une soirée, ils ont brulé, on ne sait pas si c'est par l'arme chimique ou autres moyens mais il est possible que ce soit l'arme chimique. Par ailleurs, même hier apparemment ils parlent de 25 morts et on ne connait pas encore les détails mais on sait qu'il y a un massacre continu donc il est de notre droit et de notre devoir de manifester pour notre peuple, et on fait une manifestation pacifique et je ne vois pas d'autres choix que de manifester aujourd'hui ici en France. 

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