"L'Otan n'a pas le mandat d'exercer les pouvoirs de la police"

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L’Allemagne et la Turquie proposeront à l’Otan de contrôler les frontières turques, terrestres et maritimes, afin de lutter contre l’immigration illégale, a déclaré le premier ministre turc Ahmet Davutoğlu.

"Une réunion des ministres de la Défense des pays membres de l'Otan aura lieu jeudi. La Turquie, en compagnie de l'Allemagne, proposera à l'Otan de discuter, dans le cadre de l'une des questions à l'ordre du jour, la création de mécanismes de contrôle aux frontières, y compris la zone de la mer Egée. Nous allons tâcher de faire en sorte que l'Otan soit impliquée dans cette question", a déclaré M.Davutoğlu lors d'une conférence de presse conjointe avec la chancelière allemande Angela Merkel.

Selon le premier ministre, la Turquie continuera sa lutte contre la traite des êtres humains et des criminels qui tirent profit du transfert des migrants en situation irrégulière dans les pays de l'UE, principalement par le biais de la Grèce. "Nous y voyons un crime contre l'humanité pouvant être assimilé à du terrorisme. Nous poursuivons les opérations contre ceux qui exploitent sans scrupule le sang humain", a-t-il ajouté.

Dans une interview à Sputnik, l'ex-ambassadeur de la Turquie à l'Otan Ümit Pamir a commenté cette initiative turco-allemande:

"En l'occurrence, l'Otan ne pourra s'occuper que des activités de surveillance, il n'est pas possible d'arrêter et d'examiner chaque bateaux de migrants. Ce qu'on peut faire, c'est observer, systématiser les données et les transmettre, dans le cadre du mécanisme créé, aux services compétents des pays-membres de l'Otan. L'Alliance n'a pas le mandat d'exercer les pouvoirs de la police, soit de garder en détention ou d'arrêter les contrebandiers qui font la traite des réfugiés clandestins", explique l'ex-ambassadeur à Sputnik.

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Malgré tout, M.Pamir juge cette initiative importante parce qu'elle pourra attirer l'attention de l'Otan sur certains problèmes. "Le problème de l'immigration illégale demeure un facteur sérieux à long terme qui menace la stabilité et la sécurité à l'intérieur des pays de l'Otan. Les partis nationalistes et radicaux consolident leurs positions dans plusieurs pays européens. Dans cette perspective, la discussion de cette initiative au cours d'une prochaine réunion des ministres de la Défense représente un grand pas", souligne-t-il.

Les médias internationaux ont déjà mentionné le fait que les services de sécurité côtière turcs fermaient les yeux sur le trafic des migrants. Le diplomate a souligné que les activités de surveillance des bateaux de l'Otan dans les eaux frontalières pourraient aider à obtenir des données détaillées et fiables: "Les observations de l'Otan permettront de détecter les activités illégales dans cette région. Le bateau de l'Alliance qui a relevé les violations dans les eaux de la mer Egée, fournira des données nécessaires de l'incident. Donc, la situation concernant des migrants sera contrôlée par l'Otan".

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En même temps, le destin de cette initiative turco-allemande n'est pas encore scellé souligne le diplomate. "Pour le temps où j'étais ambassadeur turc à l'Otan, chaque fois que nous mettions le problème du terrorisme à l'ordre du jour, c'était toujours la France qui s'opposait et qui demandait: "L'Otan n'a aucune autorité en matière de lutte antiterroriste, pourquoi inscrivez-vous cette question à l'ordre du jour?" Plus tard, lorsque le problème a touché la France elle-même, tous les pays se sont réunis immédiatement, comprenant son importance, et se sont mis à le discuter activement. Mais à l'époque, il n'y avait aucune convergence sur la question terroriste", confie M.Pamir.

"Il n'y a donc aucune garantie absolue que l'initiative sera appuyée. Certains pays peuvent s'opposer à l'implication de l'Alliance dans ces questions, et conseiller les pays membres de l'Otan qui gardent leurs bateaux dans la région — la Turquie, la Grèce, les Etats-Unis — de coopérer plus activement à ce sujet et de ne pas impliquer l'Otan", juge le diplomate.

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