Laurent Fabius quitte aujourd'hui son fauteuil de Ministre des Affaires Etrangères pour celui de Président du Conseil Constitutionnel. Donc, le diplomate devient un sage. Laurent Fabius a déjà une longue expérience derrière lui en politique. Jugez plutôt: tour à tour Premier Ministre, Ministre de l'Industrie, Député à l'Assemblée Nationale, Député européen, Maire de Grand-Quevilly; depuis 2012 il aura exercé la fonction de Ministre des Affaires Etrangères et du développement international.
Le journaliste Romain Mielcarek dresse le bilan des quatre années de diplomatie de Laurent Fabius.
« Son bilan se résume avec des gros succès (…); on retiendra la COP21: la Russie a réussi à poser pour la première fois une délimitation globale du réchauffement climatique; un deuxième succès qu'on peut lui accorder c'est la politique vis-à-vis de l'Iran: il a réussi à maintenir une politique de fermeté de la France tout en aboutissant à un dialogue qui se termine bien, puisque la visite de Rohani a montré que les relations ont fini par bien aboutir. Et enfin, le rattachement de deux volets spécifiques: le commerce extérieur et le tourisme.
Cela nous permet d'aborder cette question: pourquoi démissionne-t-il? Y-a-t-il eu des difficultés avec le reste du gouvernement?
« Je pense que les remaniements sont des étapes incontournables dans un gouvernement. (…) Fabius a une longue carrière derrière lui, et il est très respecté par l'opposition. C'est donc plus une question de contexte, que d'opposition avec le gouvernement. Le temps était venu de mettre une évolution; (…) ça n'a rien à voir avec le départ de Christiane Taubira motivé par des dissensions politiques fortes. »
«Il y a plusieurs noms qui circulent. Tant que l'annonce n'est pas faite officiellement, je ne pourrais pas vous dire.»
Inversement, il prendra la place de Jean-Louis Debré au siège de Président du « conseil des sages ». Honneur du titre, ou placard politique?
« Le Conseil Constitutionnel c'est une institution qui a pour rôle de vérifier la constitutionnalité des lois du pays, de référendums et d'accords internationaux (…); M; Fabius est un homme d'une expérience avancée, et il ne peut plus se permettre de continuer sur des postes aussi ancrés sur l'actualité; (…) le Conseil Constitutionnel est quand même une institution respectée et écoutée; il est à la tête du Conseil, une position importante, et pas un placard. »
Toujours est-il que son successeur aura du pain sur la planche: remettre la France en position de force sur la scène internationale, s'assurer ses partenaires traditionnels tout en cherchant de nouveaux, faire front face à DAECH, continuer une politique de rétablissement de liens avec la Russie, l'Union Européenne. Bref, ce poste n'est pas à la portée du premier venu, et nous verrons comment l'ancienne compagne de Hollande (si jamais elle devait devenir la cheffe de la diplomatie française) arrivera à relever ces défis. Après tout, pour succéder à Babar l'éléphant, qui de mieux que Minnie la souris qui l'a dérouté aux primaires socialistes de 2006?
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