En outre, les recommandations officielles visant à reporter la grossesse à plus tard contredisent les lois strictes sur l'avortement dans plusieurs pays latino-américains, rapportent des médecins et des militants pour les droits des femmes.
La microcéphalie comme prétexte
Un groupe brésilien féministe Anis-Institut de Bioéthique regroupant des militantes, des avocats et des médecins, a lancé une bataille légale auprès de la Cour suprême du Brésil pour qu'elle autorise l'interruption de grossesse dans les cas de microcéphalie et quand des femmes enceintes ayant attrapé le Zika ne veulent pas mener leur grossesse à terme.
Ce groupe avait déjà remporté en 2012 une bataille similaire qui s'était soldée par la légalisation de l'avortement dans le cas de fœtus acéphales (sans cerveau, ndlr.).
"Dans le contexte de l'épidémie de Zika, il est nécessaire d'intégrer un paquet global de mesures afin de protéger la santé sexuelle et reproductive des femmes", explique l'anthropologue Débora Diniz, une des scientifiques de l'Institut.
Opinions diamétralement opposées
Anis prône la légalisation de l'avortement non seulement dans le cas de microcéphalie, mais comme un choix personnel de la femme. Néanmoins, cet appel provoque au Brésil des réactions très diverses.
Dans ce pays latino-américain, outre le fait d'être illégal, l'avortement est considéré comme un tabou par une majorité, même si l'on estime à un million par an le nombre d'interruptions de grossesses dans ce pays de 204 millions d'habitants.
Mais les adversaires de l'avortement allèguent que cette pratique équivaut à une "sélection de l'espèce" puisque la microcéphalie provoque divers degrés de retards intellectuels.
Jusque-là, la loi brésilienne ne permettait d'avorter qu'en cas de viol ou quand la vie de la mère est en danger.
"La microcéphalie n'est pas un cas de ce type, bien que je comprenne la douleur des mères qui auraient voulu mettre au jour un enfant en bonne santé", a déclaré Lenise Garcia, militante du mouvement "Brésil sans avortement", en ajoutant que l'idée de tuer quelqu'un en raison de son handicap ressemble à des pratiques nazies".
Loi stricte sur l'avortement
Le problème de l'avortement en Amérique latine est historiquement complexe. Seuls trois pays, notamment l'Uruguay, la Guyana et la Guyane française, ont autorisé l'avortement. Le Mexique, la Colombie et le Panama permettent d'interrompre la grossesse en cas de déformation du fœtus. Les autres pays interdisent l'avortement, sauf en cas de viol ou quand la vie de la mère est en danger, rapporte le Time.