L'ambassade américaine à Prague s'est déclarée "choquée" par le refus des autorités tchèques d'extrader vers les Etats-Unis un Ukrainien d'origine libanaise et un Ivoirien soupçonnés de trafic d'armes.
"Nous sommes choqués par la décision du gouvernement tchèque de libérer Ali Fayad et Khalid Marabi", lit-on dans une déclaration de l'ambassade publiée jeudi soir. Selon la mission diplomatique américaine, les deux intéressés "sont accusés par une cour fédérale des Etats-Unis de tentative d'assassinat de fonctionnaires gouvernementaux américains".
Plus tôt jeudi, le ministre tchèque de la Justice Robert Pelikan avait annoncé aux journalistes son refus d'extrader Ali Fayad et son complice Khalid Marabi vers les Etats-Unis. Mieux, il avait même signé une ordonnance de libération. Le ministre tchèque de la Défense, Martin Stropnicky a pour sa part indiqué que le refus d'extrader Fayad était une condition de la libération de cinq ressortissants tchèques enlevés en juillet 2015 au Liban et détenus dans ce pays.
Selon Robert Pelikan, le refus d'extrader Fayad et Marabi est une "décision politique". Le premier ministre tchèque Bohuslav Sobotka a pour sa part soutenu cette décision et a appelé Washington à respecter la législation tchèque.
L'agence Sputnik a demandé à l'avocat Jiří Vyvadil, ex-vice-ministre de la Justice et ancien juge de la Cour administrative tchèque, de commenter la démarche de Prague.
"J'ai éprouvé hier une grande fierté en apprenant que mon pays avait résisté aux Etats-Unis. Je suis fier de constater que malgré les sentiments pro-américains qui règnent dans notre société, la République tchèque s'est comportée comme un véritable Etat souverain", a déclaré Me Vyvadil.
"Je tiens à souligner que l'ambassadeur des Etats-Unis à Prague, Andrew Schapiro, est un homme d'une rare arrogance. Il est le pire ambassadeur américain jamais envoyé en République tchèque. Sa réaction impulsive à la décision du ministre tchèque de la Justice et ses propos selon lesquels il était «choqué» ne conviennent pas à un diplomate de son rang", a indiqué l'interlocuteur de l'agence.
"Peu à peu, les Tchèques commencent à défendre leurs intérêts nationaux aussi bien au sein de l'UE que dans leurs relations avec les Etats-Unis et sur la scène internationale. Nous devons enfin comprendre que notre orientation unilatérale vers l'Occident n'est pas seulement humiliante, mais aussi irraisonnable. Le pragmatisme nous suggère de nous tourner vers la Russie. Bref, la journée d'hier a été très réussie pour la souveraineté tchèque! Même si Prague a été quelque peu contraint d’opposer un refus aux Etats-Unis du fait des conditions de libération de nos cinq compatriotes détenus au Liban", a conclu Me Vyvadil.