La visite de Seehofer a été convenue avec la chancelière allemande Angela Merkel, qui continue elle aussi d'entretenir des contacts avec le chef de l'État russe. Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier est également favorable à ce déplacement. Mais dans le milieu parlementaire — sans parler de la presse — la visite du premier ministre bavarois fait jaser. Le démocrate-chrétien Roderich Kiesewetter exige d'annuler ce voyage. Le social-démocrate Niels Annen estime pour sa part que "la politique étrangère ne se fait pas à Munich, mais à Berlin". Les journaux y vont aussi de leur critique: Die Welt écrit simplement que la visite "suscite l'indignation", tandis que le Zeit constate l'inquiétude des politiques qui craignent une alliance du chef de la CSU avec le président russe contre la politique migratoire de Merkel.
On imagine difficilement que la question migratoire, perçue aujourd'hui comme le défi numéro un du XXIe siècle, puisse être éludée pendant des entretiens entre des hommes politiques russes et occidentaux. Cependant, on s'imagine encore moins que Moscou prenne partie pour un camp ou un autre dans les litiges intérieurs allemands et suggère des recommandations au sujet de la politique migratoire.
Mais il ne faut pas non plus oublier les relations économiques, importantes pour les deux pays. La Bavière s'est toujours distinguée dans le domaine de la coopération interrégionale — les échanges bilatéraux atteignaient 11 milliards d'euros par an. Aujourd'hui la coopération entrepreneuriale est touchée. Pendant la réunion de janvier à Wildbad Kreuth, les députés bavarois étaient d'accord pour dire que les sanctions étaient absurdes. Les questions économiques occuperont donc manifestement une place importante pendant l'entretien de Moscou.