Sonde comme le JDD, réagis comme le mainstream

© AFP 2024 Gerard Julienle Journal du Dimanche
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Haïr un médecin qui vous diagnostique une maladie grave est compréhensible mais n’est pas constructif. Bien-sûr il y a des manières de dire, mais la réaction sur le sondage publié dans le Journal du Dimanche vise surtout la méthodologie de l’étude, et non pas les résultats alarmants qu’elle révèle.

Les médias blâment le JDD, blâment la Fondation du judaïsme français, blâment Ipsos. Le sondage est appelé « douteux » puisque le tout manque de cohérence: des « répondants juifs » et « répondants musulmans », des questions sur les agressions commises par des personnes d'une certaine confession religieuse etc. Le sondage est rempli de maladresse et surtout de provocations mais les réponses, demeurent celles données par les personnes interrogées.

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Racisme: le sondage qui choque la France
L'hebdomadaire, comme Ipsos, auraient certes pu prévoir que la publication d'un sondage farci de questions qui atteignent la limite, donnerait lieu à une polémique violente; dans une société où personne n'aime se faire traiter de raciste et où le terme « amalgame » est désormais utilisé quotidiennement. D'après Michel Wieviorka, sociologue et chercher dans les domaines du racisme, de l'antisémitisme et des mouvements sociaux, le sondage paru dans le JDD est désastreux, mais ce genre d'études reste important dans la société actuelle quand elles sont réalisées correctement:​

« On est dans une période historique où on a besoin de connaissance sur la société et ces sondages apportent un certain degré de connaissance. Je ne dis pas du tout qu'ils n'apportent rien, c'est une connaissance superficielle c'est une connaissance pleine de préjugés à mon avis, c'est une connaissance sur la façon dont les personnes interrogées représentent le monde où ils sont et non pas la réalité de ce monde dans lequel ils vivent, mais ces sondages sont faits sérieusement, je suis convaincu que les échantillons sont faits de façon rigoureuse que les questions sont posées de la même façon à tout le monde et cætera. Donc si vous voulez on est dans un monde, une société où il y a des questions, des gens veulent savoir; des gens veulent comprendre et attendent des medias qu'ils leur apportent des connaissances, c'est un outil mais c'est un outil qui doit être bien mis à sa place, qui ne doit pas tenir lieu d'analyse en profondeur. Or ici ca heurte beaucoup de monde parce que ça vient prétendument nous dire des choses sérieuses sur la société alors que ça été transcrit à mon avis de façon pleine de préjugés »

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Sondage: les perceptions et attentes des Français
Souvent les sondages réalisés sur des thèmes sensibles comme celui du vivre ensemble ou de la migration ne montrent pas les mêmes résultats que des analyses parues dans la presse par exemple ou encore de ce qui est dit et défendu par les autorités. Avec un décalage pareil, il est compliqué de savoir ce que pensent vraiment les français et quelles sources de données pourraient fournir des informations justes:

« Les français aujourd'hui doutent de la vérité du discours qui vient d'en haut. Les français doutent des élites, ils doutent de ce que leur disent les politiques et ils ont bien raison parce que souvent les politiques disent un jour blanc et le lendemain noir sans vergogne. Ils doutent de ce que leur disent les medias, ils doutent même de ce que leur disent les enseignants à l'école. Il y a un énorme doute vis-à-vis de toute parole sérieuse et donc il n'est pas étonnant que ce que disent les gens interrogés soit différent de ce que peuvent dire les acteurs qui font partie du système médiatico-politique. Moi je ne suis pas d'y tout surpris mais ce n'est pas pour autant que ce que disent les sondés est vrai. Quand on fait des enquêtes, par exemple, et qu'on demande aux gens combien croyez-vous qu'il y a de juifs dans la population française, ils s'imaginent des chiffres hallucinants qui n'ont rien à voir avec la réalité. Quand on leur demande combien il y a de musulmans, c'est la même chose, donc il y a des représentations qui circulent qui ne correspondent pas à la réalité qui représentent ce qu'on croit être la réalité ».

Patrick Chasques, directeur général de la Fondation du judaïsme français, s'étonne d'une réaction d'une telle violence de la part des médias:​

« Notre réaction elle est très simple, nous pensons que cette étude était indispensable parce qu'elle met en avant des résultats qui sont comme certains l'ont qualifiés de très fort ou de dérangeant, donc nous trouvons normal que ce qui est dérangeant dérange. Ce n'est pas le cas de tous les médias, c'est vrai qu'ils insistent beaucoup sur la méthodologie, c'est un petit peu étonnant, sans doute que les résultats doivent les gêner, cela doit être la raison j'imagine. »

La Fondation du judaïsme français défend le JDD et Ipsos, mais pointe surtout du doigt ces résultats qui devraient mettre la puce à l'oreille. De toute évidence ce ne sont pas les résultats qui sont au centre de l'attention…

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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