Turquie: 28 Kurdes prisonniers de décombres attendent toujours l'aide d'Ankara

© AFP 2024 Ilyas AkanginKurdistan, bâtiments détruits
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"Des gens meurent sous nos yeux et nous, on ne peut rien faire", a déclaré à Sputnik Mehmet Tunс, un des 28 kurdes bloqués dans un immeuble partiellement détruit par des bombardements turcs dans la ville kurde de Cizre.

Cizre est en partie encerclée par les forces turques qui poursuivent une opération spéciale contre les partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan. Plusieurs étages d'un immeuble se sont effondrés suite aux bombardements turcs. 28 personnes sont bloquées dans le sous-sol du bâtiment depuis quatre jours déjà.

"Pour comprendre toute l'horreur de ce qui se passe ici, il faut le voir de ses propres yeux", dit Mehmet Tunс, habitant de Cizre. "Il y a quatre jours, l'immeuble a explosé, 28 personnes y compris moi, se sont retrouvées prises au piège dans le sous-sol avec des blessures plus ou moins graves. Quatre personnes sont mortes à cause de l'absence de médicaments. Nous n'avons pu leur apporter l'aide médicale nécessaire. Maintenant, leurs corps reposent sur le sol à côté de nous. On étouffe ici, il y a beaucoup de poussière, l'odeur des cadavres commence déjà à se faire sentir", raconte-il. 

Les personnes bloquées dans l'immeuble, dont deux sont gravement blessées, attendent toujours d'être évacuées. Mais la demande envoyée par des représentants du Parti des travailleurs du Kurdistan au Ministère de l'Intérieur reste toujours sans réponse.

"Un représentant du ministère a appelé le gouverneur de la province, qui a ordonné de sécuriser l'accès à l'immeuble afin que celui-ci ne s'effondre pas complétement, ce qui, le cas échéant, pourrait causer de graves ennuis aux autorités de la région. Actuellement, les bombardements continuent mais on évite de toucher notre immeuble", poursuit M.Tunc.

"C'est horrible de sentir son impuissance. Hier, j'ai bandé la jambe blessée de mon voisin, elle a déjà commencé à bleuir. On ne pouvait pas arrêter le sang. J'ai essayé de le sauver mais il avait perdu beaucoup trop de sang. Je m'en veux de ne pas avoir pu le sauver", avoue Mehmet Tunс.

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Pour le moment, les 28 personnes bloquées dans l'immeuble ne reçoivent aucune aide du gouvernement turc. Selon le député du Parti démocratique des peuples Nimettullah Erdoğmuş, les autorités ne cherchent même pas à discuter d'un plan d'évacuation. "Ce qu'ils ont fait, c'est s'adresser au gouverneur régional. Ankara a probablement décidé de faire retomber toute la responsabilité de la situation actuelle sur les forces de sécurité locales", a-t-il estimé.

Après l'attentat-suicide meurtrier de Suruç (ville turque située à la frontière turco-syrienne), perpétré le 20 juillet 2015 et attribué à Daech (acronyme arabe de l'État islamique), le gouvernement turc a annoncé avoir effectué des bombardements contre des groupes djihadistes en Syrie. En réalité, il en a surtout profité pour frapper principalement les positions du PKK, notamment au Kurdistan irakien.

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