Le Conseil de l'Union Européenne (ou Conseil) s'est réuni en session ce lundi afin de décider d'une position concernant les pays prioritaires en matière de sécurité, dont notamment la Syrie, l'Irak, et la Libye. Le sujet concernant les affaires de la Politique extérieure de sécurité commune (PESC), les 28 ministres des Affaires Etrangères ont été présents.
Si selon les piliers de l'acquis communautaire (Traité sur l'Union et Traité de Lisbonne), les Etats ont qualité pour définir leurs politiques extérieures, mais celles-ci ne doivent pas contrevenir les intérêts européens.
Jusqu'ici, quelle a été la politique commune de l'Union à l'égard de pays comme l'Iraq et la Syrie? M. René Schwok, Directeur du Global Studies Institute de l'Université de Genève, y répond.
Les pays de l'Union européenne sont à peu près sur la même longueur d'onde. Il y a eu évidemment les grandes divergences en 2003 en Irak, mais depuis cet épisode, les 28 sont d'accord sur l'essentiel, c'est-à-dire refuser d'intervenir militairement et essayer d'aider les forces modérées dans la région.
Sur les dossiers de la Syrie et de l'Irak, les 28 (et on peut dire les Etats-Unis) n'ont pas de divergence, simplement ils ne savent pas très bien quoi faire. C'est ce qui ressort du dernier Conseil des ministres et de toutes leurs réunions, au fond ils sont très embêtés; dans le dossier syrien, ils ne veulent pas soutenir Assad mais ils ne veulent plus le "dégommer", et d'un autre côté il n'y a pas de force modérée crédible à soutenir; les forces s'opposant à Assad sont Daech ou d'autres forces extrémistes comme Al-Qaïda. Par conséquent ils sont totalement gênés aux entournures, et ils ne savent pas très bien quoi faire.
A Bruxelles, il a été décidé peu de choses le 18 janvier. Le conseil a exprimé son soutien à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU 2254 à l'égard de la Syrie, soutien aussi à l'accord politique du 17 décembre en Libye et la formation d'un gouvernement d'union national libyen. Un soutien affiché à l'égard du Quartet sur le processus de paix au Proche-Orient a été réitéré.
Federica Mogherini, Haut Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a formulé une déclaration certes diplomatique, mais vague. Elle évoque des "progrès" et des "consultations" faits ici ou là, mais sans apporter de vrai position, ni de décision.
Les négociations politiques entre les parties syriennes à Genève doivent commencer. Nous avons unanimement partagé les priorités entre nous, en tant qu'Union européenne, en coordination avec les États membres, à soutenir activement le travail de l'envoyé spécial de l'ONU, M.Mistura, que j'ai rencontré il y a quelques jours, ici à Bruxelles, lors de ma rencontre avec les représentants de l'opposition qui participeront aux pourparlers. En parallèle, permettez-moi de dire aussi que nous avons focalisé beaucoup de notre attention sur la situation humanitaire sur le terrain.
(traduction anglais-français de la conférence de presse de Mme Mogherini du Conseil des Affaires étrangères de l'UE, le 18 janvier 2016)
Concernant la Politique européenne de sécurité commune (PESC), qu'est-ce qui ressort de la réunion du 18 janvier et quelles perspectives pour la PESC au Moyen-Orient?
Au fond ce qu'ils ont décidé sur le dossier syrien, c'est d'aider la Jordanie à accueillir plus de réfugiés, et à favoriser les échanges commerciaux avec la Jordanie; ça montre bien l'embarras des pays occidentaux et de l'Union Européenne sur le dossier syrien.
Le communiqué du Conseil des ministres est très décevant; ils aident un petit peu l'Irak et à mettre en place des institutions avec un budget de 75 millions d'euros, alors que l'aide à l'Ukraine se monte en milliards. L'aide au Moyen-Orient est donc symbolique.
Symbolique, sans vrai initiative. Telle est la conclusion de cette réunion du conseil; à l'instar des autres politiques menées par l'Union, comme sur les migrations et sur l'euro, la PESC semble ne pas avancer.
A l'heure du Brexit, de la crise Grecque et du retour des frontières entre pays, l'Union Européenne semble commencer l'année dans une pire posture qu'en 2015.
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