Les réfugiés et leur vie nouvelle en Allemagne
Magdi Gohary, un scientifique retraité d'origine égyptienne, organise des rencontres spéciales, tenues dans un grand camp de réfugiés situé dans la banlieue de Munich. Le but est d'expliquer à ceux qui sont arrivés récemment en Allemagne les particularités de la vie dans ce pays.
"Les arabes sont souvent choqués, ici, quand ils voient les Bavarois qui sortent pour nager nus dans la rivière Isar. Mais je leur explique que s'ils veulent que les Allemands acceptent le port des burqas par les femmes arabes, alors ils doivent accepter le bronzage et la natation dans le plus simple appareil pratiquée par les Allemands dans les parcs et les rivières publics", souligne l'organisateur de ces rencontres éducatives qui lui-même a immigré en Allemagne il y a 50 ans.
Les débats publics concernant le sujet de l'immigration ont montré des difficultés émergeantes lors de la résolution des problèmes correspondants. Selon The Guardian, les réfugiés, ceux qui sont engagés dans des activités avec eux, ainsi que des millions d'Allemands qui soutiennent la politique de bienvenue lancée par la chancelière fédérale Angela Merkel sont tous très inquiets de ne pas alimenter les groupes d'extrême droite qui ont déjà dégagé des bénéfices politiques des violences commises.
Cependant, beaucoup d'Allemands se sont retrouvés désemparés, quand ils ont compris qu'une simple aide vestimentaire, ainsi que la résolution du problème des passeports ne suffirait pas, et qu'un vrai dialogue entre des cultures différentes serait nécessaire.
"Les Allemands, tout comme les réfugiés, ont des attentes que l'autre partie n'est pas capable de réaliser. (…) Offrir seulement une veste en tant que don à un réfugié ne fera pas de lui un citoyen allemand. Cela se fait sur le temps, et les deux parties doivent s'approcher l'une l'autre en faisant preuve de flexibilité", estime Thomas Bönig qui travaille sur les itinéraires touristiques multiculturelles à Cologne.
Le dialogue, est-il possible?
A noter que beaucoup de réfugiés ont largement désapprouvé les attaques commises à Cologne. Certains d'entre eux craignent que ces évènements puissent menacer également ceux qui sont favorables à une politique de bon voisinage en Allemagne.
"Je crains que ces attaques soient capables d'influencer la vision de la société allemande envers les migrants, en particulier, parce qu'elles pourraient être utilisées comme argument par les opposants à la politique d'ouverture migratoire. Chaque jour, je lis des nouvelles sur les restrictions des mesures résidentielles", déclare Ghreeb Baccko, Syrien, arrivé récemment dans le pays.
Par ailleurs, certains immigrés qui s'étaient installés en Allemagne il y a longtemps se doutent des capacités d'accueil du pays, tout en aidant les réfugiés déjà arrivés.
"Willkommenskultur (la culture de bienvenue, ndlr) de Merkel était arrivée à un bon moment, mais le gouvernement a finalement perdu le contrôle. Elle devrait corriger sa politique pour limiter les flux de migrants", estime un ingénieur d'origine marocaine qui vit en Allemagne depuis des dizaines d'années.
Les représentants de la société allemande, ainsi que les réfugiés qui ressentent leur responsabilité d'être intégrés dans cette société, comprennent la nécessité du règlement de la situation actuelle tendue. Ainsi, le dialogue entre les deux parties, prôné par de nombreux Allemands et réfugiés, pourrait être possible.