L'Union européenne a décidé de transférer une partie de sa responsabilité des réfugiés à la Turquie, pour ne pas se salir les mains, et Ankara, a son tour, a reçu trop de pouvoir, a déclaré Sebastian Kurtz, ministre autrichien des Affaires étrangères.
"Nous ne devons transmettre à la Turquie que les tâches pour lesquelles sa participation est absolument nécessaire, notamment, l'octroi de l'asile aux migrants. Mais lorsque l'UE délègue à Ankara ses prérogatives de sécurité des frontières communes, une dépendance impressionnante se crée, qui, je pense, est très dangereuse", a indiqué M. Kurz au journal allemand Die Welt.
D'après M. Kurtz, de nombreux politiciens européens craignent qu'il soit impossible d'éviter le recours à la violence en voulant contrôler la zone frontalière. Cependant, l'UE ne peut pas transmettre ce "sale boulot" à la Turquie pour ne pas se salir les mains. En tous cas, la situation avec les réfugiés "ne va pas sans des images laides de violence" a-t-il ajouté.
La coopération avec Ankara est l'élément le plus important de la politique migratoire de la chancelière allemande Angela Merkel, mais la Turquie ne prendra pas de mesures réelles de son propre chef pour résoudre la crise. Le ministre autrichien affirme que, le président Recep Tayyip Erdogan utilise l'accord avec l'UE comme d'un levier supplémentaire de pression sur l'Europe.
Plus tôt, la Commission européenne avait approuvé la création d'un fond spécial pour les réfugiés en Turquie, s'élevant à 3 milliards d'euros, la commission lui allouera 500 millions d'euros, tandis que les pays-membres de l'UE vont devoir regrouper les 2,5 milliards d'euros restants.
Selon les données actualisées de l'agence européenne Frontex, dans les dix premiers mois de 2015, environ 1,2 million de migrants sont arrivés dans l'UE. La Commission européenne a reconnu que la crise migratoire actuelle était la plus grave depuis la Seconde Guerre mondiale.