A en juger par les caractéristiques de l'explosion, il ne s'agissait pas d'une bombe à hydrogène: l'activité sismique enregistrée après l'essai était comparable à celle des tests antérieurs. Selon l'ex-chef de l'état-major des Troupes balistiques stratégiques russes RVSN Viktor Essine, il s'agissait d'un "boost" — c'est-à-dire un renforcement de la charge nucléaire grâce à un mélange de deutérium et de tritium. Cette technique permet d'économiser les matières fissiles tout en créant davantage de charges nucléaires.
Si l'existence de la bombe à hydrogène fait débat, certains doutent même du réel potentiel de Pyongyang en la matière. La présence d'une "bombe" implique en effet un haut niveau de miniaturisation d'un engin explosif lui permettant d'être installé dans un missile ou une bombe aérienne — or ce pays connaît pour l'instant de sérieux problèmes de développement des porteurs pour ces armes. Aucun test de missile opérationnel n'a été effectué à ce jour.
S'agissait-il d'une tentative d'obtenir une aide humanitaire? Cette opinion très répandue est complètement fausse. En réalité, aucun essai nucléaire n'a encore conduit à l'augmentation du niveau d'aide humanitaire. Au contraire, chaque essai est en général suivi de nouvelles sanctions, qui interdisent par exemple aujourd'hui d'importer en Corée du Nord certaines sortes de mayonnaise ou des pianos.
En revanche, l'arme nucléaire hypothétique de Pyongyang fonctionne très bien en tant que force de dissuasion. Les plans opérationnels des États-Unis et de la Corée du Sud, qui élaborent divers scénarios pour renverser le régime nord-coréen — allant jusqu'à l'invasion — et les travaillent durant les manœuvres militaires, ne sont pas un secret pour la Corée du Nord. Mais la victoire doit être acquise à un prix acceptable et en l'occurrence, la bombe atomique des autorités nord-coréennes agit comme un seau d'eau froide pour les têtes brûlées. C'est aussi, en quelque sorte, une réponse asymétrique dans la mesure où Pyongyang n'a pratiquement aucun moyen de rattraper l'armée de Séoul en termes de technologies et d'armes conventionnelles.