La lutte des Etats-Unis contre le terrorisme est focalisée sur l'objectif de capturer ou de tuer les terroristes existants. Bien moins d'argent et d'attention sont consacrés à la prévention de l'émergence de nouveaux terroristes, estime Micah Zenko, chercheur du Council on Foreign Relations américain (SFR), think tank ayant pour but d'analyser la politique étrangère des États-Unis et la situation politique mondiale.
Selon M.Zenko, la méthode principale pour tuer des terroristes consiste en frappes aériennes de précision. Les responsables américains ont répété à plusieurs reprises que le moyen principal de détruire Daech était d'éliminer tous ses membres. En février 2015, Marie Harf, porte-parole du DOS, a déclaré: "Nous les tuons et nous continuerons à tuer les terroristes de l'EI qui représentent une menace pour nous".
En juin dernier, le général John Hesterman, chef de la composante aérienne du commandement militaire au Moyen-Orient, a constaté: "Nous les tuons partout où nous les trouvons", cite M.Zenko. Cette semaine, le colonel Steve Warren, porte-parole de l'opération Inherent Resolve en Irak et en Syrie, a pour sa part déclaré: "Si vous faites partie de Daech, nous allons vous tuer. C'est la règle".
Le problème de la méthode "tuez-les-tous avec des frappes aériennes" est qu'elle ne marche pas. Selon le Pentagone, au moins 25.000 combattants de l'EI ont été tués en 17 mois. Dans le même temps, les responsables américains reconnaissent que le nombre des combattants de Daech est resté inchangé. En 2014, la CIA a déclaré que les forces de l'EI comprenaient entre 21.000 et 31.000 combattants et le colonel Warren a de nouveau mentionné le chiffre de 30.000 mercredi dernier.
Alors, selon les calculs antiterroristes américains: 30.000 — 25.000 = 30.000, constate le chercheur.
Après, l'auteur de l'article propose d'analyser le nombre des bombardements antiterroristes américains effectués en 2015. L'année dernière, les Etats-Unis ont largué au total 23.144 bombes dans six pays dont 22.110 en Irak et en Syrie. Ces chiffres découlent du fait que les Etats-Unis ont effectué 77% des raids aériens en Syrie et en Irak et que la coalition dirigée par Washington a largué 28.714 bombes en 2015. Ce total est légèrement sous-évalué car on doit alors présumer qu'une seule bombe a été larguée lors de chaque frappe de drone réalisée au Pakistan, au Yémen et en Somalie, ce qui n'est pas toujours le cas.