Si dans le conflit entre Riyad et Téhéran, Washington prend le parti de l'Arabie Saoudite, ce sera une catastrophe, prévient dans son article pour le magazine Politico le journaliste américain Stephen Kinzer.
"Il est trop dangereux de prendre parti dans une guerre verbale qui oppose deux grands pays musulmans —chiite et sunnite. Pourtant, nos intérêts coïncident davantage avec ceux de Téhéran", suppose M.Kinzer.
Selon le journaliste, en décidant de provoquer la crise, Riyad a voulu entre autres obliger Washington à choisir entre l'Arabe Saoudite et l'Iran.
"Les Saoudiens sont des alliés de longue date des Etats-Unis, et il serait historiquement justifié de les soutenir, mais, en perspective, c'est justement l'Iran qui est un partenaire plus logique pour Washington", souligne l'auteur.
D'après ce dernier, les raisons en sont très simples.
"Les intérêts de sécurité de l'Iran sont plus proches des nôtres que ceux de l'Arabie Saoudite en la matière", signale M.Kinzer.
Et d'ajouter que pour devenir un partenaire pour les Etats-Unis, le pays doit correspondre à deux critères: ses intérêts doivent coïncider avec les intérêts de Washington, et sa société doit ressembler à celle américaine.
"L'Iran correspond à ces critères", tranche le journaliste.
Il rappelle que tout d'abord, les Etats-Unis et l'Iran nourrissent la même haine pour les groupes terroristes sunnites. Ensuite, l'Iran est étroitement lié aux populations chiites en Syrie, en Afghanistan, en Libye, au Liban, en Irak et à Bahreïn. Aussi, peut-il influer sur elles comme personne d'autre.
"Si l'Iran se trouve impliqué dans le processus de stabilisation au Proche-Orient, l'intérêt de Téhéran pour la garantie de la sécurité augmentera, y compris parce que cela renforcera sa propre influence dans la région", explique le journaliste.
Il rappelle par ailleurs que l'Arabie Saoudite est le principal sponsor du groupe djihadiste Etat islamique (EI, Daech), de la nébuleuse terroriste Al-Qaïda et du Taliban.
"Quoi qu'il en soit, le principal objectif de la diplomatie américaine doit consister à obtenir au moins une compréhension quelconque entre Riyad et Téhéran, une condition sine qua non de la paix au Proche-Orient", conclut M.Kinzer.
La crise a éclaté samedi entre l'Arabie saoudite et l'Iran suite à l'exécution du chef religieux chiite Nimr Al-Nimr ainsi que de 46 autres personnes condamnées pour "terrorisme". Dimanche, à la suite d'attaques lancées samedi contre ses missions diplomatiques à Téhéran et Machhad, Riyad a rompu les relations diplomatiques avec Téhéran.
Bahreïn et le Soudan ont suivi l'exemple de l'Arabie saoudite et rompu lundi leurs relations diplomatiques avec l'Iran. Les Emirats arabes unis se sont quant à eux limités à rappeler leur ambassadeur de Téhéran et à "réduire le nombre de diplomates iraniens" en poste dans le pays.