L'Allemagne, qui a accueilli plus d'un million de migrants en 2015, a rappelé par la voix du ministère des Affaires étrangères que "la libre circulation est un bien précieux" au sein de l'Union européenne.
L'accord de "Schengen est très important mais est en danger", a déclaré le porte-parole du ministre Frank-Walter Steinmeier, Martin Schäfer, alors qu'une dizaine d'États membres ont rétabli à divers degrés les contrôles à leurs frontières, érigeant même pour certains (Hongrie, Slovénie) des clôtures antimigrants.
Confrontée à un afflux inédit de réfugiés depuis les guerres des Balkans dans les années 1990, la Suède a pris au cours de l'automne plusieurs mesures destinées à dissuader les migrants d'élire le royaume scandinave comme destination finale au bout de leur long périple à travers l'Europe.
À compter de lundi, ces contrôles sont systématiques. Une décision historique puisque les ressortissants des pays nordiques pouvaient circuler librement d'un pays à l'autre de la région depuis les années 1950.
Stockholm impose jusqu'à nouvel ordre aux compagnies de trains et d'autocars qui empruntent le pont de l'Öresund de vérifier les identités avant embarquement, côté danois, sous peine d'amendes de 50.000 couronnes suédoises (5.400 euros) par voyageur.
Copenhague craint que les migrants refoulés par la Suède ne restent sur son territoire, et la réaction ne s'est pas fait attendre.
Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre Lars Løkke Rasmussen a annoncé un rétablissement des contrôles aux frontières entre Allemagne et Danemark, d'où transitent la plupart des réfugiés cherchant à gagner les pays nordiques, rapporte l'AFP.
"Cela peut avoir de grandes conséquences pour le Danemark que d'autres pays nordiques mettent le holà à leurs frontières. Cela peut provoquer plus de demandes d'asile", a déclaré le chef de gouvernement libéral dont la majorité dépend au Parlement du Parti populaire danois (DF), formation anti-immigration.
Les contrôles danois seront aléatoires. Ils sont instaurés pour une période de dix jours, qui pourra être prolongée.
"Nous réagissons simplement à une décision prise en Suède. Nous instaurons des contrôles provisoires mais d'une manière équilibrée. Ce n'est pas un moment heureux du tout", a déploré M. Rasmussen.