Le groupe Etat islamique (EI ou Daech) ne présentera pas de menace sérieuse en 2016, estime Mary Dejevsky, auteur du quotidien Independent.
Vue dans une perspective occidentale, l'année 2015 a été marquée par les atrocités des terroristes. Elle a commencé par les attaques contre Charlie Hebdo à Paris et s'est terminée par les attentats du 13 novembre également à Paris. Entre ces deux crimes, un avion russe a été détruit dans le ciel égyptien.
Cependant, la menace émanant de l'EI est exagérée, estime-t-elle, jugeant notamment encourageante la récente victoire remportée sur l'EI en Irak. Fin 2015, les militaires irakiens, assistés par les forces aériennes occidentales, ont réussi à déloger les islamistes de la ville de Ramadi.
Cependant, il ne faudrait pas exagérer l'importance d'une seule victoire. Il est prématuré de dire que la situation liée à l'EI au Proche-Orient ait été renversée. Et il sera beaucoup plus difficile de reconquérir d'autres villes, surtout Mossoul.
En outre, la rapide propagation de Daech, leur propagande habile et leurs vidéos d'exécutions atroces empêchent les pays occidentaux de déceler les points faibles du groupe.
Primo, il s'agit de l'idéologie de l'EI qui, du point de vue de Mme Dejevsky, est médiévale ou même pré-médiévale. Leurs méthodes sont trop barbares pour le monde contemporain ce qui empêchera Daech de se maintenir longtemps.
Secundo, le groupe n'est pas soudé. La journaliste met en doute les capacités de Daech et l'envergure de son influence. Selon elle, en Irak, l'EI a réussi dans une grande mesure grâce aux échecs de l'Occident. Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, en renversant Saddam Hussein, ont plongé le pays dans le chaos. L'EI est alors venu proposer une forme de sécurité, quoique primitive. Washington et Londres ont chassé les sunnites, qui dominaient le pays auparavant, mais l'EI leur a donné la chance de s'imposer à nouveau.
La fixation sur l'EI nuit directement à l'Occident, selon elle. Elle aveugle les pays occidentaux qui ne voient pas les autres changements régionaux en cours au Proche-Orient. En outre, Daech fournit à Paris et Londres une excuse pour rejeter sur les autres leurs propres problèmes d'intégration des musulmans dans la société européenne.