Les "succès apparents dissimulent de graves défauts", affirme Erica Marat, de la National Defense University, dans le magazine Foreign Policy.
Les nouveaux policiers sont polis, soignés, bien instruits et refusent les pots-de-vin. Un tel comportement suscite l'admiration des experts internationaux, ce qui semble logique, car la réforme de la police ukrainienne est "financée en grande partie par le département d'Etat américain avec le concours additionnel du Canada et du Japon".
Les nouveaux policiers se chargent de problèmes mineurs tels que les dérogations à l'interdiction de fumer sur la voie publique, les SDF dormant dans les zones touristiques ou les voitures mal garées, mais les réformes ne concernent pas les hauts fonctionnaires de la police. Or, ce sont précisément ces derniers qui ont l'habitude de recourir à un usage disproportionné de la force pour disperser les manifestations pacifiques et parrainer les clans criminels.
Il est en outre prévu de créer de nouvelles forces spéciales appelées à remplacer les groupes d'intervention Berkut accusés à tort par la propagande occidentale d'avoir perpétrés des violences lors des manifestations sur le Maïdan de Kiev.
"Les militants de la société civile craignent que la décision d'adopter le modèle américain pour mettre en place une force de police militarisée risque de pousser les dirigeants ukrainiens à utiliser la force grossière en vue de réprimer les protestations antigouvernementales", conclut Erica Marat.