Celles-ci, OAK (avions de combat civils et militaires), OSK (construction navale), Almaz-Antey et KTRV (missiles)…ont été créées afin de doter la base industrielle et technologique de défense (BITD) russe de champions nationaux segment par segment. Cette concentration des actifs, envisagée dès les années 90, alors qu'aux Etats-Unis et en Europe se déroulait un processus de fusions donnant naissance à des géants industriels (EADS, BAe Systems, Lockheed-Martin…), visait à permettre aux groupes russes d'atteindre la masse critique leur permettant de rester concurrentiels à l'international. Elle avait aussi pour objectif de permettre à ces Goskorporatsiï de répondre aussi bien aux besoins de l'export qu'à ceux du marché domestique russe, délaissé par la plupart des entreprises compte tenu de la réduction drastique des budgets de la défense consécutive à la fin de l'Union Soviétique.
La première consistait en la constitution de chacune de ces grandes holdings étatiques par le rassemblement des entreprises demeurées sous le contrôle de l'Etat d'une part, par l'acquisition des entreprises privatisées à l'occasion du processus de libéralisation de l'économie russe d'autre part.
La seconde était la phase de rationalisation de l'outil industriel. Il s'agissait de mettre sur pied au sein de chaque holding une organisation logique, avec métier par métier une entreprise exerçant le leadership (Sukhoï pour les avions de combat au sein d'OAK, UMPO Oufa pour les réacteurs d'avions de combat…), regroupant sous son autorité l'ensemble des actifs compétitifs de la holding sur son segment, les structures non performantes étant éliminées. Cette opération devait se traduire par des économies d'échelle, une sensible diminution de la masse salariale et des gains de productivité.
Toutefois Hélicoptères de Russie constitue un cas particulier. De toutes les Goskorporatsiï de défense, elle est celle qui a su le plus rapidement atteindre les objectifs assignés.
Mais d'autres chiffres attestent de la réussite du projet industriel. Créée en 2007, Hélicoptères de Russie produisait, en chiffres pro forma, 85 machines par an en 2004. Elle en a construit 303 en 2013. La société, dans un marché militaire extrêmement compétitif, a vu sa part du marché mondial reculer mais nettement moins, comparativement, que ses principaux compétiteurs. L'Américain Sikorsky détenait 29% du marché international en 2011, contre 23% à Hélicoptères de Russie et 21,5% à Eurocopter. Le groupe russe, avec 19% des parts de marché en 2014, n'est plus qu'à 2 points du leader mondial, Sikorsky (21%), tant qu'Airbus Helicopters a accusé un très sensible recul (11%). La société demeure un acteur de second rang sur le marché civil (7% des parts en 2014 contre 44% pour Airbus Helicopters), mais progresse là aussi très vite, multipliant les programmes ambitieux (Mi-38…) et en élargissant sa gamme aux machines légères, segment dont elle était jusqu'ici absente. L'entreprise, par ailleurs, consent de gros efforts pour gommer ses points faibles. Alors qu'on lui reprochait un mauvais maintien en condition opérationnelle des appareils et un service après-vente (SAV) médiocre, elle a multiplié son réseau international de filiales dédiées au SAV. Multipliant par ailleurs les partenariats internationaux avec les groupes français (Thales, Sagem DS, Turbomeca), italien (Agusta-Westland), elle bénéficie de transferts de savoir-faire qui pourraient lui permettre, dans les années à venir, de s'imposer comme le leader mondial sur la défense, comme l'un des principaux acteurs sur le civil.
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