Quel bilan pour les frappes françaises contre Daech?

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Le commandant du groupe aéronaval français annonce que la France effectuerait jusqu’à 20% des frappes de la coalition anti-Daech en Irak, un chiffre qui reste encore à vérifier.

L'Amiral René Jean Crignola, commandant du Groupe aéronaval français, a déclaré au micro de BFM TV que la France menait près de 20% des frappes aériennes contre Daech. Une affirmation qui semble vraie à condition de la recadrer dans un certain contexte… D'après le site airwars.org qui recense les frappes coalisées au-dessus de la Syrie et de l'Irak, Il s'agit de 20% des 30% des frappes de la coalition arabo-occidentale sur l'Irak seulement, les américains en totalisant 70% et leurs alliés, français inclus, se partageant les 30% restants.

Si la France opère un certain nombre de missions aériennes au-dessus des territoires irakien et syrien, elle ne lésine pas sur les moyens. Car au dispositif initial de l'opération Chammal, lancée en septembre 2014 pour assister les Forces de sécurité irakiennes, puis élargie unilatéralement au territoire syrien un an plus tard, s'ajoutent les effectifs et moyens embarqués du porte-avions Charles de Gaulle.

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Contrairement à ce qui est souvent rapporté par la presse, le Charles de Gaulle a déjà pris part aux frappes contre Daech… Le 23 février dernier, le porte-avions appareillait pour le Golfe afin d'y mener une mission d'un peu moins de 8 semaines, au côté d'un groupe aéronaval américain, avant de partir pour effectuer des exercices conjoints de luttes anti sous-marine avec les forces armées indiennes. La nouveauté étant qu'aujourd'hui il participe aux frappes en Syrie et non plus uniquement en Irak, toujours au sein de la Task-Force 50, constituée en majeure partie des navires de la 5ème flotte américaine.

Pour cette mission, le navire amiral de la Marine nationale part avec son groupe aéronaval. Une escorte qui, hormis un bâtiment de ravitaillement de classe Durance, comprend deux frégates multi-missions FREMM qui doivent se relayer, une Frégate de défense antiaérienne de classe Horizon, une frégate de défense anti-sous-marine de classe Georges Leygues, ainsi qu'un sous-marin nucléaire d'attaque. Les 2.600 marins viennent porter les effectifs français engagés contre l'organisation terroriste à 3.500 hommes.

Un dispositif conséquent, mais dont la mobilisation ne tient pas uniquement au seul cadre de l'opération de lutte contre le groupe terroriste, comme nous l'explique l'ancien général de brigade, Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l'IRIS:​

«Tout cela fait partie d'un entrainement classique, il est évident que les craintes d'avoir une attaque par des sous-marins de l'Etat islamique sont relativement limitées. On a déployé ce qu'on appelle une Task Force, c'est-à-dire un kit classique, qui serait le kit utilisé en cas de conflit majeur, et on entraine les gens à travailler ensemble en même temps qu'on participe à des opérations réelles».

A titre d'exemple, aux navires de la Marine nationale s'ajoutent des bâtiments étrangers comme la frégate belge Léopold Ier, la frégate allemande Augsburg et le contre-torpilleur britannique HMS Defender.

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Mais pourquoi recourir à un porte-avions pour combattre Daech? Dans le cadre de la coalition arabo-occidentale la France dispose d'accès à des bases bien plus proches des territoires Syrien et Irakien que depuis la mer. Des bases d'où décollent déjà les Mirages 2000 et les avions prenant part à l'Opération Chammal, comme par exemple la base Jordanienne d'Amman. Au-delà de cette dimension opérationnelle, notre expert reconnait un autre intérêt au porte-avions:

«L'avantage du porte-avions c'est, de manière assez politique, de s'inclure dans un dispositif américain avec des automatismes qui sont rôdés depuis très longtemps, parce que la France s'entraine avec l'OTAN depuis toujours, pratiquement. Maintenant, le fait que cela soit à partir d'un porte-avions c'est effectivement toujours beaucoup plus cher qu'à partir d'une base aérienne, à distance égale».

D'autant plus que le dispositif est loin d'être « gratuit » pour les finances publiques: outre les coûts élevés de maintenance pour des appareils de pointe et la logistique qui pèsent de manière non-négligeable sur le budget de la Défense, on oublie souvent de prendre en considération les armes utilisées. A la mi-décembre, par exemple l'armée de l'air a effectué un tir de missile de croisière SCALP contre un site regroupant des bâtiments « en durs » non loin de la frontière irako-syrienne, lors d'une mission impliquant une dizaine d'avions de chasse. Un missile de 5 mètres de long, d'une tonne et demie… et d'environ 850 000 euros.

Une utilisation qui pourrait paraitre étonnante, lorsqu'on sait que l'Etat-major justifie la disproportion entre le nombre de sorties effectuées avec le nombre de frappes effectives par l'absence de cibles…

«Le fait de dépenser une arme à 1 million d'euros pour, comme on dit très vulgairement, +tuer un type en tongs+, effectivement cela parait peu raisonnable. D'un autre côté, il faut quand même voir que ce sont des armes dont on a besoin pour d'autres cas de conflits qui pourraient intervenir et ce sont des armes qui ont des dates de péremption. Des armes qu'on est également obligé de tirer en entraînement car il n'est plus question maintenant d'envoyer un pilote découvrir le fonctionnement d'une arme sur un terrain réel. Donc […] on consomme des armes qui de toute façon auraient été consommées, ne serait-ce en entraînement ou parce qu'elles auraient être périmées».

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Des armes couteuses qui peuvent être amenées à manquer: début Décembre, soient 3 semaines après les attentats de Paris et moins de 2 semaines après l'appareillage du Charles de Gaulle de la rade de Toulon, le ministre de la Défense, Jean Yves le Drian, annonçait des commandes d'urgence aux industries américaines, car les forces françaises avaient épuisé leur stock de bombes. Une situation « délicate », pour notre expert, car, qui plus est, relative à une information sensible…

«Les consommations de bombes font parties du secret-défense […] Il est a peut prêt certain que malgré les discours sur la vengeance terrible contre l'Etat islamique, les réapprovisionnements de bombes n'ont pas été faits après les attentats et qu'ils sont en cours, il y'a des commandes en urgence, mais c'est assez compliqué dans la mesure où ces bombes viennent de la plupart des Etats-Unis et que les Etats-Unis eux-mêmes ont une consommation qui dépasse leurs prévisions, en particulier parce qu'ils ont donné des bombes aux Saoudiens pour bombarder les Yéménites».

Bien loin du tumulte médiatique, l'armée royale néerlandaise, également présente en Irak depuis octobre 2014 totaliserait aujourd'hui, d'après les informations du site Airwars, plus de frappes que les forces françaises, le tout avec quatre F-16.

Parallèlement aux moyens mobilisés en Syrie et en Irak, les autorités françaises continuent d'appréhender sur le sol national des hommes soupçonnés de préparer des attentats. Comme ce couple radicalisé, interpelé à Montpellier, au domicile duquel les enquêteurs ont retrouvé un faux ventre de femme enceinte, recouvert de papier aluminium, qui aurait pu servir à cacher des explosifs. Il y a quelques semaines le Ministre des Finances Michel Sapin déclarait que le cumul des dépenses des terroristes, afin d'organiser les attentats du 13 novembre, dépassait à peine 30.000 euros.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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