Les attentats en Égypte et en France
Le 31 octobre 2015 s'est produite la plus grande catastrophe de l'histoire de l'aviation soviétique et russe: l'Airbus A321 de la compagnie Metrojet (Kogalymavia) reliant Charm al-Cheikh à Saint-Pétersbourg s'est écrasé au nord du Sinaï. Les 224 personnes qu'il transportait ont péri dans le crash — des citoyens russes pour la plupart. Après enquête, le FSB (ex-KGB) a définitivement qualifié l'incident "d'attentat terroriste": un engin a en effet explosé dans l'avion.
Deux semaines plus tard c'était à la France de vivre une journée noire, le vendredi 13 novembre, quand des terroristes ont organisé une série d'attentats à Paris. Des spectateurs du Bataclan et des clients de plusieurs cafés parisiens ont été tués par balle, tandis que trois explosions retentissaient au Stade de France pendant un match de football entre les équipes de France et d'Allemagne. Il s'agit des plus importants attentats de l'histoire française, qui ont fait 130 morts.
Dans les deux cas les attentats ont été revendiqués par l'organisation terroriste islamiste Daech.
L'opération de l'aviation russe en Syrie
L'opération militaire russe lancée le 30 septembre 2015 en Syrie est la première grande opération de la Russie postsoviétique en dehors du territoire de l'ex-URSS. A la demande du président syrien Bachar al-Assad de lui apporter une assistance militaire, Moscou a déployé un groupe d'aviation mixte des forces aérospatiales russes et commencé à attaquer les sites militaires des extrémistes de l'État islamique, du Front al-Nosra et d'autres organisations terroristes.
Cette opération a poussé certains à voir sous un nouveau jour le potentiel de l'aviation militaire russe — durant leur campagne les pilotes russes ont impressionné les experts par le nombre élevé de vols opérationnels qu'ils réalisaient chaque jour. De plus, l'opération en Syrie a permis de faire passer le baptême du feu aux missiles de croisière mer-sol Calibre. Par ailleurs, le système antiaérien S-400 Triumph a été déployé à la base aérienne de Hmeimim pour assurer la sécurité aérienne et les groupes d'aviation sont couverts par les navires russes menés par le croiseur lance-missiles Moskva.
Les pertes n'ont pas pu être évitées. Le 24 novembre, la Turquie a porté un "coup dans le dos" de la Russie — pendant un vol au-dessus du territoire syrien, un bombardier Su-24 russe a été abattu par un missile air-air tiré par un chasseur turc, entraînant la mort du pilote russe. Moscou n'a pas laissé passer les actes d'Ankara: après l'incident le président Vladimir Poutine a signé un décret instaurant des sanctions économiques contre la Turquie.
Les Accords de Minsk et la trêve en Ukraine
Dans la soirée du 11 février 2015, les dirigeants et les ministres des Affaires étrangères du "Quartet Normandie" — Russie, France, Allemagne, Ukraine — se sont réunis une deuxième fois à Minsk pour tenter de trouver une solution au conflit dans le Donbass. Après de nombreuses heures de négociations, la signature d'un accord a été annoncée tard dans la nuit. Ce dernier impliquait le cessez-le-feu, le retrait des armements lourds de la ligne de démarcation et la décentralisation du pouvoir en Ukraine via une réforme constitutionnelle, dont les points devaient être convenus directement avec les représentants des républiques populaires autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Malgré la reconnaissance de Minsk 2 en tant que document fondamental par tous les acteurs du conflit, le processus de paix avance plus lentement que ne l'espéraient Donetsk et Lougansk. Les autorités de Kiev rechignent à respecter les accords, et l'armée ukrainienne maintient encore des forces conséquentes près de la ligne de démarcation en continuant de tirer sur les positions des séparatistes.
Le 70e anniversaire de la Victoire
L'année 2015 marquait le 70e anniversaire de la victoire dans la Grande Guerre patriotique. Des dirigeants de 26 pays ont participé aux festivités à Moscou, dont le président chinois Xi Jinping. Pour la première fois dans l'histoire du défilé, des unités étrangères ont marché sur la place Rouge — dix groupes des forces armées de l'Azerbaïdjan, de l'Arménie, de la Biélorussie, du Kazakhstan, du Kirghizstan, du Tadjikistan, de la Mongolie, de la Chine, de la Serbie et de l'Inde. Le clou du spectacle fut la présentation du premier char du monde sur le châssis T-14 Armata, universel, avec une capsule blindée pour l'équipage et un complexe de protection active — le symbole du complexe militaro-industriel modernisé de la Russie. D'autres nouveaux armements ont été présentés pour la première fois à cette occasion.
Les festivités ne se sont pas limitées à la place Rouge. A travers la Russie et dans 14 autres pays s'est déroulée une action sociale grandiose appelée "Le régiment immortel" avec la participation d'environ 12 millions de Russes. Le président russe a marché en tête de la colonne de Russes rassemblés à Moscou avec des affiches et les photos de leurs parents qui ont participé à la Grande Guerre patriotique. Au total, plus de 500 000 personnes ont participé à cette marche commémorative dans la capitale russe.
Les sanctions antirusses
En septembre 2015, l'Union européenne a prolongé les sanctions individuelles frappant des citoyens russes et ukrainiens jusqu'au 15 mars 2016. De son côté, la Russie a prolongé à son tour ses contre-mesures: il sera donc interdit aux fournisseurs des USA, de l'UE, du Canada, de l'Australie et de la Norvège d'importer jusqu'en août 2016 sur le marché russe de la viande, du saucisson, des fruits de mer, des fruits, des légumes et des produits laitiers. De plus, les entreprises russes restent coupées des sources extérieures de crédit et de certaines technologies.
Cette année supplémentaire sous le régime de sanctions ne fut pas facile pour la Russie, mais la catastrophe économique prédite par de nombreux experts ne s'est pas produite. Le 27 avril 2015, Vladimir Poutine a déclaré que l'économie russe avait manqué de 160 milliards de dollars à cause des sanctions, et deux des trois agences internationales de notation ont abaissé la note de crédit de la Russie en-dessous du niveau d'investissement. Dans le même temps, certains domaines économiques ont été stimulés. En particulier, les exportations de produits agricoles russes ont approché la barre de 20 milliards de dollars — soit un quart de plus que les recettes de la vente d'armes ou un tiers des recettes des exportations de gaz.
L'assassinat de Boris Nemtsov
"J'ai immédiatement dit que c'était une page honteuse de notre histoire contemporaine, que les criminels devaient être retrouvés et traduits en justice", a déclaré le président russe Vladimir Poutine au sujet de l'assassinat de l'opposant Boris Nemtsov dans la nuit du 27 au 28 février, près du Kremlin. Il a été tué par balle sur le pont Bolchoï Moskvoretski où il marchait avec sa compagne, la top-modèle ukrainienne Anna Douritskaïa, 23 ans.
Cinq personnes ont été interpellées dans le cadre de l'"affaire Nemtsov": le meurtrier supposé Zaour Dadaev et ses complices — Khamzat Bakaev, Temirlan Eskerkhanov, les frères Anzor et Chadid Goubachev. L'officier du bataillon Sever (Nord) Rouslan Moukhoudinov, qui se cacherait aux Émirats arabes unis d'après les enquêteurs, est accusé d'avoir organisé l'assassinat. Dadaev et Goubachev ont expliqué leur décision d'assassiner par leur haine envers Nemtsov, qui avait soutenu la publication des caricatures du prophète Mahomet par le journal satirique français Charlie Hebdo.
Le scandale de corruption à la FIFA
Le FIFA-gate — le plus grand scandale de l'histoire de la principale association mondiale de football — s'est produit peu de temps avant l'élection de son nouveau président. En mai-juin 2015, la police suisse a arrêté plus de 14 hauts fonctionnaires de la FIFA accusés d'implication dans le crime organisé, d'avoir touché des pots-de-vin pour un total de plus de 100 millions de dollars et d'autres crimes liés à la sélection des pays hôtes des Mondiaux en 1998, en 2010, en 2018 et en 2022. L'ex-membre du comité exécutif Chuck Blazer a coopéré avec l'enquête — à partir de 2011 il a expliqué au FBI avoir reçu des pots-de-vin pour sélectionner la France et l'Afrique du Sud comme pays d'accueil des Mondiaux de 1998 et de 2010. Le scandale n'a pas empêché la réélection de Sepp Blatter pour un nouveau mandat, mais il a finalement décidé de démissionner le 2 juin.
En septembre, le parquet suisse a entamé une procédure pénale contre Sepp Blatter. Il a été écarté de toute activité liée au football à cause d'accusations de "négligence criminelle ou gaspillage".
Un pont vers la Crimée
La construction du pont du détroit de Kertch, qui reliera la péninsule au continent et intégrera définitivement la Crimée à la Russie, a été lancée au printemps 2015. Elle a commencé du côté du Kouban — le premier pont auxiliaire reliera la péninsule de Taman du territoire de Krasnodar à l'île de Touzla — et deux autres ponts similaires jusqu'à Kertch seront érigés d'ici l'été 2016. La construction d'une autoroute jusqu'au futur pont a également été lancée. Le chef de l'état russe a fixé les délais aux constructeurs: "Fin 2018 ce site stratégique doit être mis en service", l'autoroute doit également être terminée à cette date.
La levée des sanctions contre l'Iran
Dans la nuit du 13 au 14 juillet, l'Iran et les six médiateurs internationaux (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies et l'Allemagne) ont signé un accord historique pour régler le problème nucléaire iranien. Les longs mois de négociations ont débouché sur l'adoption d'un plan d'action commun dont la mise en œuvre lèvera progressivement toutes les sanctions précédemment adoptées contre l'Iran par le Conseil de sécurité des Nations unies, les USA et l'UE en échange de la vérification du caractère pacifique du programme nucléaire iranien. Cet événement a donné lieu à une fête dans tout le pays, où la population est sortie dans la rue après l'accord. Les festivités populaires, les danses et les chants ont duré toute la nuit.
L'accord n'aurait pas été possible sans la participation de la Russie, a souligné le président américain Barack Obama, pour qui Moscou a joué un rôle particulier dans cette décision historique. Néanmoins, le département d'État a noté que l'accord sur l'Iran n'annulait pas les plans de mise en place du bouclier antimissile américain (ABM) en Europe.
La levée des sanctions contre l'Iran a considérablement modifié la répartition des forces au Moyen-Orient. Elle a notamment permis à Téhéran d'élargir ses commandes de matériel militaire russe — un accord a déjà été signé sur la fourniture de systèmes de défense antiaérienne S-300 et ce n'est certainement pas le dernier contrat. Surtout, un acteur important est revenu sur le marché pétrolier actuellement perturbé, qui ne fera qu'accroître son influence à terme.
La crise migratoire en Europe
Les conflits au Moyen-Orient et l'instabilité en Afrique du Nord ont engendré la plus grande crise migratoire que le Vieux Continent a connue depuis la Seconde Guerre mondiale. Près de 1,2 million de migrants de Syrie et d'autres pays du Moyen-Orient sont arrivés en UE via le sud de l'Europe, la Turquie et la Grèce. Nombreux, également, sont ceux qui n'ont pas réussi à atteindre le continent à cause des nombreux naufrages subis par les bateaux transportant les réfugiés. Ceux qui ont réussi à débarquer sur le territoire de l'UE ont tenté d'avancer plus loin sur l'"itinéraire des Balkans" vers l'ouest de l'Europe, de préférence en Allemagne où se trouve actuellement le plus grand nombre de réfugiés.
Les contradictions entre les membres de la communauté européenne se sont renforcées au sujet des règles de l'espace Schengen sur la libre circulation au sein de l'Union. L'Autriche, l'Allemagne, la Slovaquie, la Hongrie et la Bulgarie ont tenté de contrôler le flux migratoire en instaurant un contrôle aux frontières intérieures de Schengen — leurs autorités ont érigé des murs et des clôtures provisoires avec du fil barbelé. Des initiatives de plus en plus radicales sont avancées pour la fermeture des frontières extérieures de l'UE, et on étudie la possibilité d'instaurer des quotas raisonnables pour la répartition équitable des réfugiés entre les membres de l'Union européenne.
