Victoire et crise chez les « Républicains »
Tout d'abord, cette élection marque une victoire pour les « Républicains », c'est à dire l'ex-UMP, qui était associé avec le centre (l'UDI). Mais, c'est une victoire courte. Cette victoire est évidente moins en nombre de régions (7 sur 13) en Métropole où les listes de la droite parlementaire ont connu le succès qu'en raison du poids démographiques de ces régions, qui représentent près des deux-tiers de la population française. Pourtant, il s'agit bien d'une victoire plus par défaut que par conviction. Dans deux régions, et non des moindres, le Nord-Picardie et la grande région PACA, les « Républicains » ne gagnent que du fait du retrait des listes « socialistes ». Il suffisait de voir le visage de Xavier Bertrand, et d'entendre son discours, pour mesurer toutes les limites de cette victoire.
Les listes du parti héritier de l'UMP et du centre sont très loin d'avoir infligé ce KO dont elles rêvaient aux « socialistes ». Ce résultat là va raviver les guerres des ambitions entre les prétendants à la succession de Nicolas Sarkozy, à commencer par lui-même et en y incluant Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire. Ces guerres seront d'autant plus inexpiables qu'elles se feront à l'intérieur d'un même programme.
Défaite et désastre idéologique au P « S »
Son seul argument électoral a été de « battre le Front National ». Pour le reste, il reprend une bonne partie des thèmes de l'opposition, voire de ce même Front National, contre lequel il appelle dans le même temps à faire barrage. L'incohérence est ici poussée à son point le plus extrême quand un de ses candidats, Claude Bartolone pour ne pas le nommer, fait une déclaration ouvertement communautariste en plein meeting, parlant de « race blanche » à propos de son adversaire, Mme Valérie Pécresse. Notons que cela n'a pas semblé gêner Mme Cosse d'EELV ni M. Pierre Laurent, du PCF, qui étaient à la même tribune.
Le dilemme du Front National
Cette élection marque en apparence un échec pour le Front National qui, arrivé en tête au premier tour dans 6 régions de France métropolitaine, n'en conquiert aucune. C'est bien ainsi que les choses sont présentées dans la presse ce 14 décembre au matin. Il convient pourtant de modérer ce constat d'échec. Il cache des succès réels. En nombre de voix, le Front National a progressé de manière significative entre le 1er et le 2ème tour. Surtout, il va augmenter très sensiblement le nombre de ses conseillers régionaux (plus de 350) et bénéficier à la fois de la manne financière que cela représente et de l'enracinement qui en découle. Ce n'est pas rien, et il est surprenant que de nombreux commentateurs ne le mentionnent pas.
Entre être une force locale et être une force nationale, il devra choisir, et ce choix n'est pas sans difficultés. Le Front National devra aller au-delà du chemin qu'il a déjà parcouru, car il ne peut se contenter d'une simple « dédiabolisation ». Pour vaincre au niveau national, il faut aussi réunir dans ce cadre national. Cela implique de passer du stade d'un parti de dénonciation à celui d'un parti de propositions, et de la faire sans perdre la dynamique qui a été acquise dans la dénonciation d'un état de fait qui révolte une large partie des français. Pour le Front National aussi, c'est l'heure de l'examen de conscience et du choix de stratégie.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.