Le journal Le Monde a publié cette semaine une liste de mesures législatives, établie par la Direction des libertés publiques et des affaires juridiques (DLPAJ), que le ministère français de l’Intérieur aimerait faire passer dans les projets de loi en cours d’élaboration.
Parmi ces mesures hypothétiques figure une série de nouvelles restrictions des libertés sur Internet:
- "Interdire les connexions Wifi libres et partagées" durant l'état d'urgence et supprimer les "connexions Wifi publiques". La fermeture de toute connexion permettra à la police de s’assurer d’avoir un identifiant précis pour chaque adresse IP, ou au moins de réduire la liste des suspects possibles dans un même foyer.Mais comment le gouvernement mettra-t-il en œuvre cette idée? Il s'agirait d'une mesure sans précédent dans un pays comme la France où les réseaux ouverts sont extrêmement nombreux: aujourd’hui la France possède le réseau le plus développé au monde de Wifi avec plus de 13 millions de bornes publiques, selon l’étude du cabinet spécialisé Maravedis Rethink pour la société iPass
- "Interdire et bloquer les communications des réseaux Tor en France". Ce logiciel est utilisé par une minorité particulièrement sensible à l'anonymat. Tor n’a pas bonne presse partout: il est souvent cité par Interpol dans des affaires de pédopornographie, les cybercriminels et les terroristes utilisent aussi souvent ce réseau d'anonymisation. Cette mesure totalement disproportionnée ferait franchement mauvais genre alors que Tor aide beaucoup d'autres individus comme les journalistes, les lanceurs d'alerte ou les défenseurs des droits à diffuser des informations importantes. De plus, si la France bloquait Tor, elle deviendrait le troisième pays à le faire après l’Iran et la Chine.
Il n’y a aucune preuve que les auteurs des attentats aient communiqué à l’aide d’un quelconque Wifi public ou via Tor. Il est fort probable qu’ils aient juste échangé de banals SMS. Et après, bloquer les SMS? Bloquons La Poste aussi alors. Les terroristes peuvent échanger des lettres et des CD-Rom par courrier. Faire d’Internet une plateforme plus sûre et transparente est un but louable, mais est-ce que ça en vaut vraiment le coup?