Personne n'a encore mené de recherches approfondies et toutes les analyses existantes s'appuient sur des sources locales subjectives. Néanmoins, on connaît au moins deux éléments avec plus ou moins de certitude:
1) L'État islamique produit relativement peu de pétrole. La plupart des experts s'accordent sur un chiffre entre 30 et 40 000 barils par jour sur les champs de Deir ez-Zor en Syrie et de Qayara en Irak, soit près de 1,5-2 millions de tonnes par an, une quantité microscopique par rapport au marché mondial.
2) La majeure partie de cette production est consommée sous forme de produits pétroliers directement dans les régions contrôlées par les terroristes. Selon diverses estimations, entre 3 et 5 millions de personnes vivent sur ce territoire, ce qui dans l'ensemble laisse peu de pétrole à l'exportation.
Viennent ensuite les spéculations: qui a vu quelque chose, entendu quelque chose, etc. Par exemple, le Financial Times écrit qu'une grande partie du pétrole produit sur le territoire contrôlé par Daech est consommée dans les régions du nord-ouest de la Syrie contrôlées par l'opposition syrienne dite "modérée".
Difficile à croire, ce schéma paraît pourtant convaincant du point de vue de la logistique.
La revue Jewish Business News publie pour sa part un article comportant de nombreux griefs visant les autorités turques et Erdogan personnellement pour la "couverture" qu'ils fournissent aux livraisons de pétrole islamiste via la Turquie, mais rappelant que le Kurdistan reste le point d'entrée primordial sur le marché. On ignore l'exactitude des accusations russes contre Erdogan et son gouvernement concernant leur implication directe dans l'exportation du pétrole de Daech, même s'il serait logique de supposer que les autorités turques sont au moins au courant du trafic.
Tout cela doit être sérieusement analysé pour comprendre comment neutraliser au plus vite le financement des islamistes grâce à l'exportation pétrolière. Pour l'instant, les spéculations sont trop nombreuses en la matière pour tirer des conclusions concrètes.