Les responsables politiques et les candidats à la présidence américaine se sont retrouvés devant la nécessité de prendre une décision cruciale pour les Etats-Unis: former une coalition avec Moscou pour combattre conjointement l'Etat islamique (Daech) ou s'obstiner à considérer le Kremlin comme un "partenaire indigne", affirment le professeur de l'Université de Princeton Stephen Cohen et la rédactrice en chef de l'hebdomadaire The Nation Katrina van den Heuvel.
"Si l'objectif consiste à protéger les Etats-Unis, la sécurité internationale et la vie humaine, il n'existe pas d'alternative à une telle coalition", estiment les auteurs, citant les attentats perpétrés au Proche-Orient, en Afrique, eu Europe, en Russie et aux Etats-Unis.
"La longue expérience de la Russie en tant que pays partiellement musulman, ses capacités militaires avancées et ses possibilités en matière de reconnaissance, ses liens politiques au Proche-Orient et ses ressources générales sont autant de facteurs dont l'importance n'est pas à négliger. Ayant perdu plus de vies humaines dans des attentats terroristes que toute autre nation occidentale au cours des dernières années, la Russie réclame — et elle le mérite — un rôle prépondérant dans cette coalition", constatent les experts.
Ils rappellent qu'après l'explosion à bord d'un avion de ligne russe et les attentats de Paris, la France et de nombreux autres pays européens ont décidé que la Russie devait nécessairement faire partie de la coalition dirigée contre les terroristes internationaux. Aux Etats-Unis, cette décision est également soutenue par "certaines personnalités politiques lucides", dont l'ex-secrétaire à la Défense Chuck Hagel, la députée républicaine Dana Rohrabacher et un candidat démocrate à la présidence, le sénateur Bernie Sanders.
"Au moment de crises historiques, les grands dirigeants ont souvent franchi les frontières de leurs biographies politiques. C'est bien le cas de Franklin Roosevelt et de Lyndon Johnson, de Ronald Reagan et de Mikhaïl Gorbatchev. Pour le président Obama et les candidats qui veulent lui succéder, il est temps de faire la même chose", concluent les experts.