La communauté internationale est consciente d'être en face d'un ennemi extrêmement organisé, intelligemment administré et fortement financé. Ce sont des personnes physiques venant de 40 pays qui financent l'Etat islamique. C'est ce que révélait Vladimir Poutine, lors du sommet du G20 en Turquie. Il n'a pas donné plus de détails ou de noms, mais la question soulevée est cruciale. Les forces de l'Occident et de la Russie réunies dans cette lutte pourraient manquer d'efficacité si le soutien financier qui nourrit le groupe terroriste augmente jour après jour. Pierre Berthelot, chercheur au Centre de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman nous expose sa supposition sur la provenance de l'argent de Daech:
Quels sont les sources? En premier lieu c'est le trafic de pétrole. Selon le Financial Times le trafic d'hydrocarbures peut rapporter à l'Etat Islamique jusqu'à 1,5 million de dollars par jour, ce qui revient à 500 millions par an pour une production quotidienne d'entre 34.000 et 40.000 barils de brut. Le pétrole serait produit et vendu principalement en Irak et en Syrie, mais il est fort possible qu'une partie franchisse la frontière turque, et une fois que c'est le cas, il est impossible de tracer la provenance du pétrole:
Hormis le trafic de pétrole, ce sont également les prises d'otages, les pillages et le trafic d'antiquités qui permettent à Daech de se développer, de rémunérer ses combattants et de verser de l'argent aux familles des djihadistes morts au combat. L'agriculture fait également partie des sources de financement du groupe terroriste. Notre expert revient sur l'affaire "made in Daech", parlant du coton syrien qui finit en T-shirts et en chemises portés par les Français:
« Récemment, il y a une étude qui a été faite qui estimé qu'en France peut être 1% des T-shirts et des vêtements de coton qui étaient achetés par la population, était à la base du coton syrien, mais qui était situé dans des zones sous le contrôle de Daech. Ce coton, comme le pétrole, passe en Turquie. Encore une fois, difficile de savoir si les industriels turcs sont au courant ou pas, mais du coton leur est livré à bon prix, comme pour le pétrole, bradé. Et ça leur permet de fabriquer des T-shirts ou des chemises et l'argent va dans les poches de Daech ».
« Daech se veut être un Etat. On n'est pas dans un mouvement classique terroriste dont l'objectif est uniquement de commettre des attentats, leur objectif est de gérer un territoire, comme un Etat, et administrer ce territoire. Dans cette administration, il y a l'administration fiscale. Toutes les personnes qui vivent sur le territoire de Daech doivent payer l'impôt. Il y a aussi des impôts spéciaux pour les minorités qui ne sont pas musulmanes, notamment les chrétiens, qui ont parfois le choix, soit la conversion, soit un impôt spécifique qui concerne les minorités religieuses. Mais le plus souvent ils sont simplement pris en otages, et en échange de versement d'une somme, ils peuvent être rendus à leur famille et pas systématiquement exécutés ».
Après la tragédie du vendredi 13, le gouvernement français revient sur sa politique internationale. Des décisions plus concrètes sont attendues très prochainement.
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