"Les gens sont si excités par ces premières élections nationales promises démocratiques depuis 25 ans", s'enthousiasme Myint Aung, un électeur de 74 ans.
"Je veux que celle que le peuple veut dirige le pays", explique cet électeur de Rangoun, dans une allusion à peine voilée à Aung San Suu Kyi, qui a un statut d'icône dans son pays.
Polls open in Myanmar's freest elections in decades. https://t.co/Tk2HGjzNQH pic.twitter.com/fGA0FdjCiD
— CNN (@CNN) 8 ноября 2015
Toute l'attention médiatique était tournée autour de celle qui a passé plus de quinze ans en résidence surveillée et vote elle-même, à 70 ans, pour la deuxième fois dans son propre pays.
Vêtue de rouge, couleur de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), elle a déposé son bulletin dans l'urne en début de matinée dans une école du centre de Rangoun, cernée par des médias du monde entier. Au point que l'opposante a eu du mal à se frayer un chemin vers son bureau de vote.
Acclamée par des partisans criant "victoire", Aung San Suu Kyi s'est rendue ensuite dans sa circonscription électorale de Kawhmu, à quelques heures de Rangoun, où elle espère se faire réélire à son poste de députée, décroché lors de législatives partielles en 2012 qui avaient été un raz-de-marée pro-LND.
Aung San Suu Kyi won't become president — five things to know about Myanmar's election https://t.co/4IexAsCv5s pic.twitter.com/OLN6riBKB0
— Wall Street Journal (@WSJ) 8 ноября 2015
La tension, mélange d'enthousiasme et d'inquiétude, monte, alors que la LND a toutes les chances de l'emporter, et d'arriver enfin au pouvoir après des décennies de répression.
Lors des dernières élections nationales jugées libres, en 1990, la junte s'était laissée surprendre et avait laissé la LND concourir et gagner. Mais les résultats n'avaient pas été reconnus et Aung San Suu Kyi, alors en résidence surveillée, n'avait pas pu voter. Et en 2010, la LND avait boycotté les élections.
Ce scrutin est donc considéré comme révélateur du succès de la transition démocratique amorcée il y a quatre ans, avec l'auto-dissolution d'une junte ayant régné d'une poigne de fer depuis 1962.
Booths packed as Myanmar votes in historic election https://t.co/HQBYThaIfH pic.twitter.com/RKatG4idfh
— AJE News (@AJENews) 8 ноября 2015
La plupart des 30 millions de Birmans appellés à s'exprimer ce dimanche n'ont jamais voté de leur vie.
Depuis 2010, "c'est la deuxième fois de ma vie que je vote. Je veux que les choses changent", explique Phyo Min Kyaw, âgé de 31 ans.
Dans les bureaux de vote visités par l'AFP, les électeurs exhibaient fièrement leur doigt plein d'encre violette —processus validant leur vote--, les plus jeunes faisant même des selfies.
Au total, plus de 90 partis sont officiellement en compétition, dont certains seront clefs dans le jeu des alliances après les élections.
Au-delà des législatives, l'enjeu est l'élection du président, élu par le Parlement dans quelques mois. Aung San Suu Kyi, interdite de présidence par la Constitution héritée de la junte, a prévenu qu'elle serait "au-dessus du président".
A stony-faced Aung San Suu Kyi heading to a polling station to vote in the #MyanmarElection https://t.co/AigDjR6ReO pic.twitter.com/hn7sRsSaNT
— ST Foreign Desk (@STForeignDesk) 8 ноября 2015
Les deux principaux partis sont la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Suu Kyi et le Parti pour la solidarité et le développement de l'Union (USDP), le parti au pouvoir, emmené par d'anciens généraux ayant abandonné l'uniforme pour participer aux élections controversées de 2010.
Pour l'heure, alors que l'annonce des résultats pourraient prendre plusieurs jours, notamment pour le décompte des régions isolées, l'incertitude reste grande par rapport à la réaction du pouvoir.
L'armée et le président sortant issu de ses rangs ont promis qu'ils respecteraient le verdict des urnes. Tout en diffusant en boucle à la télévision publique des clips mettant en garde contre toute tentation de révolution de type printemps arabe.