Washington gaspille des millions de dollars pour des programmes d'aide militaire réalisés dans plus de 100 pays, mais les soldats étrangers entraînés par les instructeurs américains se montrent incapables de défendre leur pays, bien qu'ils soient souvent mieux équipés que leurs adversaires.
Mais cet objectif est apparemment loin d'être atteint, par exemple en Irak ou en Afghanistan.
Les Forces armées irakiennes formées par des conseillers américains comptent 270.000 hommes. En juin 2014, près de 1.000 djihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont lancé une offensive contre la deuxième grande ville irakienne de Mossoul, faisant battre en retraite 10.000 soldats des forces de sécurité irakiennes. Les militaires irakiens ont jeté leurs armes et fui le champ de bataille.
Selon les experts, le territoire contrôlé par l'EI serait encore plus grand si l'Iran n'avait pas apporté son aide à l'Irak au milieu de l'année 2014.
La coalition internationale dirigée par les Etats-Unis n'a quant à elle pas aidé les forces de sécurité irakiennes à défendre une autre grande ville, Ramadi, en mai dernier.
Les forces irakiennes ont quitté Ramadi, chef-lieu de la province d'Anbar, qui est immédiatement tombée entre les mains des islamistes de l'EI.
Fortes de 200.000 hommes entraînés par les Etats-Unis, les Forces armées afghanes n'ont pas réussi à défendre leur pays contre les talibans après le départ des militaires américains. En septembre, un groupe de rebelles a surpris les militaires afghans en s'emparant de Kunduz, chef-lieu de la province du même nom et verrou stratégique du nord du pays. Les talibans ont été chassés de la ville quelques jours plus tard. Mais on se demande toujours si les forces entraînées par les Américains sont capables de résister aux rebelles, sans parler de les anéantir.
En Syrie, les Etats-Unis ont formé un nombre limité de membres de l'opposition dite modérée. Washington entendait créer une armée d'opposition forte de 5.400 soldats. Cependant le nombre de recrues qui ont suivi l'entraînement sous la direction d'instructeurs américains a été inférieur à 100 personnes dont seulement quatre ou cinq combattent effectivement sur le terrain. Les autres ont soit rejoint des groupes radicaux comme l'EI ou le Front al-Nosra, lié à Al-Qaïda, soit ont été tués.
Parmi d'autres pays où le Pentagone a procédé à la formation de militaires locaux figurent notamment l'Indonésie (au début des années 1990) et le Mali (2010).
Au Mali, trois des quatre unités d'élite formées par les Etats-Unis dans les années 2000 dans le cadre de l'opération Enduring Freedom-Trans Sahara (OEF-TS) sont passées dans le camp des rebelles lors du conflit de 2012. Cette formation a coûté 500 millions de dollars aux contribuables américains.
"L'aide militaire américaine est plus impressionnante sur le papier que dans la réalité, surtout parce que les Etats-Unis l'accordent sans trop peser le pour et le contre. Le département d'Etat américain approuve son octroi et le Service extérieur manque de spécialistes assez compétents pour mener des discussions avec le Pentagone sur les destinataires et l'utilité de l'aide", d'après le magazine Foreign Policy.
Le général Milley s'est exprimé au sujet des opérations d'assistance militaire américaines pendant sa visite au polygone ukrainien Iavorov, non loin de Lvov (ouest) où 300 instructeurs américains forment six bataillons des Forces ukrainiennes.
Mais si l'histoire nous apprend quelque chose, les soldats ukrainiens risquent de finir par être bien entraînés et équipés mais incapables de combattre, tout comme les militaires irakiens ou afghans.