L’UE peine à trouver une solution à la crise migratoire

© AFP 2024 Nikolay DoychinovDes migrants examinent une carte des Balkans de l'Ouest, Oct. 27, 2015.
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Combien de sommets faudra-t-il pour sortir l’UE de la crise migratoire qui n’est comparable qu’avec celle de l’époque de la Seconde guerre mondiale ?

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Les autorités européennes incapables de résoudre la crise migratoire
Malgré les efforts de Bruxelles qui chaque mois, organise des sommets d'urgence consacré au problème des migrations, le nombre de réfugiés ne fait qu'augmenter. En 9 mois, quelque 700 000 personnes ont franchi les frontières européennes, selon l'agence Frontex.

Depuis que la crise a commencé à prendre de l'ampleur, les dirigeants européens ne cessent de chercher des moyens (et non seulement financiers mais surtout politiques) pour essayer d'élaborer une approche commune pour tous les 28 Etats membres. Mais en vain…

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Selon Laurent Chalard, docteur en géographie de Paris IV-Sorbonne, le problème est d'ordre politique. Aujourd'hui on est face à une sorte de dilemme, considère-t-il, « on a d'un côté un problème migratoire qui concerne l'ensemble de l'UE alors qu'on a des pays qui, eux, réfléchissent uniquement à l'échelle de leurs territoires, à l'échelle nationale ». Ce qui fait que 28 pays ont une politique migratoire absolument différente et n'ont pas du tout les mêmes objectifs à ce niveau-là.

Le sommet de l'UE qui s'est tenu fin septembre a démontré un échec total de cette politique. Accusés d'égoïsme face au drame des réfugiés syriens, les Européens ont finalement fait montre d'un minimum de solidarité. Un plan de répartition de 120 000 migrants a été adopté mais sans quotas… On a donc décidé que la répartition se ferait de manière volontaire… l'UE envisage également de porter de 1 à 3 milliards d'euros, la somme qu'elle apporte à Ankara pour maintenir des réfugiés sur son sol. Eh bien, cette aide financière à la Turquie discutée lors du 4e sommet européen ça n'est qu'un projet.

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Entretemps, le phénomène migratoire s'ancre de plus en plus solidement dans la réalité européenne. Selon Laurent Chalard, il faut bien s'y préparer car c'est un défi durable. D'après l'expert, le problème fait partie de la réalité européenne depuis maintenant au moins une bonne dizaine d'années, « mais la nouveauté c'est qu'à l'heure actuelle il y a une crise d'une ampleur importante puisque jamais le nombre de migrants n'avait été aussi élevé ». M. Chalard le lie à l'explosion des crises géopolitiques en Syrie et en Libye mais aussi à un déséquilibre démographique dans les pays d'Europe de l'Ouest. « Il est évident qu'on est face à un phénomène qui va durer », conclut-il.

Depuis le début des négociations au niveau européen sur le problème des migrations, il était clair que trouver une recette qui puisse satisfaire tout le monde serait très compliqué. Les divergences se sont accentuées quand les pays frontaliers de l'UE et de la zone Schengen ont été littéralement assaillis par les migrants. L'Allemagne, la Hongrie, la Croatie, la Slovénie ont dû alors rétablir le contrôle sur leurs frontières, ce qui a mis en péril l'espace Schengen.

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La Bulgarie, la Roumanie et la Serbie sonnent actuellement l'alarme en dénonçant les tentatives de l'UE de les transformer en zones tampon. Les pays de l'Europe de l'Est servant de centres de transit des migrants se montrent toujours très hostiles à l'accueil des migrants. C'est ce qui ressort d'un sondage réalisé pour Sputnik du 25 septembre au 15 octobre auprès des populations des pays européens et des USA. 62 pour cent des habitants de l'Europe orientale ne souhaitent pas que leurs gouvernements continuent d'accueillir les réfugiés, contre 42 pour cent représentant l'Europe de l'Ouest. Fait curieux: les Tchèques sont les plus mécontents parmi les sondés. 73 pour cent des habitants de la République tchèque s'opposent fermement à l'accueil des migrants.

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Dans ce contexte, Jean-Claude Juncker ne jette pas l'éponge et convoque un nouveau mini-sommet en invitant les leaders de 8 pays de l'UE les plus touchés par la crise migratoire ainsi que l'Albanie, la Macédoine et la Serbie pour tenter de nouveau de gérer "collectivement" l'afflux de migrants cette fois par la route des Balkans. 100 000 places d'accueils doivent être créées dans les Balkans, car d'après le président de la Commission européenne "on ne peut pas laisser les gens livrés à eux-mêmes, dormir dans les champs en 2015". La coopération renforcée est censée ralentir l'afflux incontrôlé de migrants alors que l'exode sur cet itinéraire qui part de Turquie et de Grèce vers le nord de l'UE ne faiblit pas. Laurent Chalard estime que c'est une mesure peu efficace. « Cette mesure, elle est un peu surprenante car l'objectif des migrants qui entrent dans l'Union européenne c'est d'aller dans les pays qui veulent les accueillir et qui sont les plus riches. En l'occurrence essentiellement l'Allemagne, les pays scandinaves, le Benelux et le Royaume Uni. On sent que c'est une décision qui est prise dans l'urgence…On a vraiment l'impression que ce sont des décisions qui sont prises sans réellement réflexion, histoire de dire qu'on fait quelque chose », déplore l'expert.

Selon Laurent Chalard, pour stopper ce flux intarissable de migrants, l'UE devrait plutôt « engager une politique de militarisation de la frontière », instaurer « un contrôle militaire ou policier des frontières de l'Union européenne, en l'occurrence la frontière orientale, dont la frontière entre la Grèce et la Bulgarie et la Turquie ».

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