La campagne militaire russe, entamée le 30 septembre, commence déjà à porter ses fruits, avec plus de 900 sorties réalisées et un peuple syrien ragaillardi. Le Syrien Firas Kiwani, par exemple, était déterminé à quitter Damas, sa ville natale, mais les raides menés par l'aviation russe l'ont fait changer d'avis.
"La situation est bien meilleure aujourd'hui. J'ai donc repoussé ma décision de partir en attendant de voir comment cela évolue sur le terrain", a déclaré M. Kiwani.
La guerre civile fait rage depuis déjà quatre ans et demi, et l'armée syrienne ne faisait "aucun progrès majeur", constate Mohammad Wassim al-Khalidi, commerçant syrien. L'intervention russe est arrivée donc "au bon moment", selon lui, et a contribué grandement à l'avancée de l'armée syrienne.
"Avec le début des frappes russes, l'armée syrienne a commencé à avancer et c'est une bonne chose", a fait remarquer M. Kiwani, réjoui.
"Maintenant", rajoute M. al-Khalidi, "l'armée a avancé à Daraya, Homs et Alep".
Avant que Moscou ait décidé d'intervenir directement dans le conflit syrien, l'armée syrienne était épuisée, capable seulement de repousser certaines attaques et perdant essentiellement du terrain. Apparemment, les troupes étaient "fatiguées", a dû reconnaître le président Bachar al-Assad.
Dorénavant, les progrès de l'Armée de l'air russe ont ravivé l'intérêt de la population par rapport aux opérations militaires anti-EI. Le soulagement et la gratitude envers les militaires russes circulent dans l'air syrien, et lorsqu'un avion survole la capitale, la discussion gravite toujours autour du fait de savoir s'il est russe ou syrien.
Khaled Labwani, un Syrien de 48 ans, a baptisé cette offensive russe d'ampleur comme "Tempête Sukhoï", du nom des bombardiers de l'armée russe. Cette homme a lui aussi subi des pertes à cause de l'invasion djihadiste, il a notamment perdu son travail et sa maison à Erbine, une des localités rebelles.
D'après lui, l'intervention russe "renforce la puissance de l'Etat face aux insurgés", mais il n'entretient pas d'illusions sur les motivations russes et refuse de donner au président russe Vladimir Poutine le surnom d'"Abou Ali" comme le font certains.
"Je refuse de l'appeler ainsi car la Russie agit pour ses propres intérêts", maintient-t-il.
Globalement, le point de vue qui prévaut est que "la coopération militaire russe est nécessaire aujourd'hui pour soutenir l'État syrien", comme le signale pertinemment Anas Joudé, avocat, cité par l'AFP.
Pour lui, "le vrai conflit n'est pas au sujet de la Syrie, mais à propos de l'hégémonie".
C'est un conflit entre les Etats-Unis et la Russie se déroulant actuellement sur un même théâtre militaire, explique-t-il.
Pourtant, les autres qualifient les motifs Moscou de secondaires.
"C'est normal qu'un pays pense à ses intérêts stratégiques avant d'apporter son soutien à un autre pays", juge Abdel Rahmane, étudiant en sciences économiques.
"Nous n'avions pas beaucoup d'options car notre position sur le terrain n'était pas la meilleure, mais la Russie est le meilleur choix que nous ayons".