Des entretiens de deux heures consacrés à la crise syrienne ont réuni vendredi les chefs des diplomaties américaine, russe, saoudienne et turque, John Kerry, Sergueï Lavrov, Adel al-Jubeir et Feridun Sinirlioglu, à Vienne, en Autriche.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a estimé qu'il fallait élargir les discussions sur la résolution de la crise syrienne en vue d'encourager le règlement de la situation en Syrie.
"Nous n'avons pas de monopole. Qui plus est, nous avons déclaré dès le début et à la fin des discussions que la participation de ces quatre pays ne suffit pas pour garantir un soutien efficace des négociations intersyriennes. Il ne s'agit pas d'élargir sans cesse notre groupe, mais il serait bien s'il comprenait une douzaine d'Etat et organisations", a indiqué le chef de la diplomatie russe.
Selon lui, le groupe devrait notamment comprendre tous les membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, l'UE, l'Allemagne et les pays clés de la région: l'Arabie saoudite, la Turquie, mais aussi l'Egypte, l'Iran, le Qatar, les Emirats arabes unis et la Jordanie. La Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) pourraient aussi se joindre aux discussions, d'après M.Lavrov.
Selon le secrétaire d'Etat américain John Kerry, l'Iran pourrait aussi être invité aux négociations.
M.Kerry a précisé que la prochaine rencontre consacrée à la crise syrienne pourrait avoir lieu dès le 30 octobre.
Selon le ministre Lavrov, les militaires russes et jordaniens ont décidé de créer un mécanisme de coopération pour la Syrie. Le ministre a fait cette annonce à l'issue d'une entrevue avec le chef de la diplomatie jordanienne Nasser Judeh, qui avait précédé les entretiens quadripartites de Vienne.
Moscou a invité les Etats-Unis, l'Arabie saoudite et tous les autres pays engagés dans la lutte contre les terroristes, à rejoindre le mécanisme de coordination militaire russo-jordanien. "Pour le moment, nos partenaires se montrent plutôt réticents", a noté M.Lavrov.
Les quatre participants aux pourparlers ont réaffirmé que seul un dialogue politique pourrait permettre de régler la crise politique en Syrie.
M.Lavrov a qualifié de mensongères les allégations sur l’entérinement à Vienne de certains arrangements sur le départ de Bachar el-Assad du poste de président syrien. "Des inventions ont déjà circulé avant même la tenue de cette rencontre. J'ai notamment entendu dire que des rumeurs courent sur des tractations en cours ou futures sur le départ du président Assad dans un certain temps. Il n'en est rien", a indiqué le ministre à l'issue de négociations avec ses homologues saoudien, turc et américain.
"Nous avons réaffirmé notre position. Elle a été clairement exposée par le président russe lors de ces récentes interventions: si on mise sur le renversement du régime en place et qu’on s'attaque au dirigeant, on assistera au même scénario qu'en Irak et en Libye. Nous savons quelles en sont les conséquences: une crise profonde dans ces pays (…). C'est le peuple syrien lui-même qui doit décider du sort de la Syrie, du sort du président syrien, du sort d'autres personnalités", a souligné M.Lavrov.
Tous les participants aux discussions de Vienne cherchent à trouver une solution permettant de rétablir un Etat souverain laïque en Syrie. Il faut lancer des négociations entre l'opposition et Damas avec une assistance de pays étrangers, estime le ministre russe.
"La Russie participe aux efforts appelés à créer des conditions pour ce processus", a-t-il ajouté.
Selon M.Kerry, il reste toujours des divergences entre la Russie et les autres participants aux discussions quant à la procédure de transition de pouvoir en Syrie.
Le chef de la diplomatie saoudienne Adel al-Jubeir a pour sa part estimé que Bachar el-Assad n'avait pas de place au sein du futur gouvernement de transition syrien.
Toutefois, MM.Kerry et Lavrov ont qualifié de constructive la réunion quadripartite de Vienne.