Quant à la puissance militaire, la Corée du Nord le cède catastrophiquement à ses ennemis hypothétiques, notamment aux Etats-Unis et à la Corée du Sud, mais aussi bien Washington que Séoul préfèrent éviter toute confrontation avec Pyongyang.
Le pays a réussi à se forger une telle réputation grâce en grande partie au rôle attribué à l'armée dans la vie et la politique, estiment les analystes internationaux, dont ceux de l’Institut international pour les études stratégiques (IISS).
Le numéro un de la Corée du Nord, Kim Jong-Un, n'a pas servi un seul jour dans l'armée, mais adore le matériel de guerre. Son grand-père, Kim Il Sung, qui avait dirigé le pays pendant près d'un demi-siècle n'avait organisé que 13 défilés militaires, alors que le dirigeant actuel en a déjà tenu cinq en moins de quatre ans.
La plus impressionnante de ces démonstrations de force a eu lieu le 10 octobre dernier à l'occasion du 70e anniversaire du Parti des travailleurs de Corée (PTC). Des milliers de soldats ont défilé sur la place Kim Il-Sung à Pyongyang, suivis par des colonnes de chars, de véhicules blindés et de missiles. A signaler que la Corée du Nord, dont la population ne dépasse pas 25 millions d'habitants, dispose de la quatrième plus grande armée du monde.
Selon l'IISS, Pyongyang aligne 1,19 million de soldats et officiers. Deux fois plus que les forces de la Corée du Sud. L’armée nord-coréenne est divisée en quatre échelons dont le premier est chargé de sécuriser la zone démilitarisée où se trouvent toujours 80% des moyens de destruction.
Le pays peut aussi compter sur sa réserve et mobiliser 5,7 millions de miliciens, la "garde rouge des ouvriers et paysans", organisée sur plusieurs échelons locaux. Une marée d’hommes et de femmes dont une bonne partie pourrait même ne pas être armée.
Par ailleurs, la Corée du Nord dispose de plus de 6.000 blindés en tous genres, de quelque 21.000 pièces d’artillerie, de plus de 500 avions de combat ou encore de 70 sous-marins. En termes mathématiques, l’armada de Pyongyang représente le double de celle de son voisin du sud et figure parmi les plus importantes au monde.
Force est de reconnaître cependant que la majorité de ces matériels est totalement obsolète, de conception soviétique ou chinoise, la moitié ayant été développée pendant les années soixante, l’autre datant d’encore plus.
Pourtant, on ne doit sans doute pas sous-évaluer la capacité défensive de l'armée nord-coréenne qui ne peut évidemment pas mener la guerre d'égal à égal contre les Etats-Unis et la Corée du Sud, vu la supériorité économique incontestable de ces derniers, mais elle peut infliger à sa voisine du sud un préjudice inacceptable.
Le principal atout de Pyongyang est son artillerie. Kim Jong-Un s'est dit prêt à faire face à toute menace des Etats-Unis et de la Corée du Sud, en leur promettant une "mer de feu".
A signaler que près de la moitié de la population et une bonne partie du potentiel industriel de la Corée du Sud se concentrent dans l'agglomération de Séoul, tout près de la frontière avec la Corée du Nord. Et tout le territoire du "Grand Séoul" peut être pilonné par l'artillerie lourde de Pyongyang. Qui plus est, la plupart des canons nord-coréens se trouvent sous terre, à l'abri des avions américains et sud-coréens.
A ne pas oublier non plus que Pyongyang a déjà mené trois essais nucléaires, en octobre 2006, en mai 2009 et en février 2013, et menace d'en conduire un quatrième dans le cadre d'un programme d'armes nucléaires et de missiles que le pays a poursuivi malgré des sanctions internationales.