Que faire avec un oiseau rare que les scientifiques n'ont pas vu depuis plus de 50 ans? L'attraper, le photographier, l'annoncer au monde entier… puis le tuer au nom de la science, si l'on en croit l'ornithologue américain Chris Filardi.
La dernière fois, deux femelles avaient été attrapées par des locaux dans les années 1950.
"Les chercheurs n'ont jamais vu un seul mâle. Leurs voix et mœurs sont pratiquement inconnues. Compte tenu de la rareté de cet oiseau, nous n'espérons pas vraiment le trouver", a dit le biologiste. Toutefois, l'équipe de Filardi a eu de la chance: les scientifiques se sont rendus sur l'île, ont posé des trappes et capturé un mâle de cet oiseau rare au mois de septembre.
Ensuite Chris Filardi a tué l'oiseau — ou "collecté" comme le disent les biologistes.
Cette décision a divisé la communauté scientifique: les uns approuvent la "collecte" de cet oiseau rarissime, d'autres la considèrent comme une atrocité.
"Bien sûr le mot "collecter", c'est-à-dire "tuer", n'est qu'une tentative minable de justifier le meurtre inutile de cet être magnifique. Quand arrêtera-t-on de tuer d'autres animaux? Il nous faut prendre cette question au sérieux car la recherche biologique et la protection de l'environnement sont trop souvent meurtrières, ce qui n'est pas nécessaire", estime Marc Bekoff, professeur d'écologie et de biologie de l'évolution à l'Université du Colorado.
"Il faut arrêter les meurtres au nom de la préservation, de l'éducation ou de qui que ce soit. C'est injuste et crée un précédent horrible pour les recherches et l'éducation des enfants dans le futur", ajoute-t-il.
"Selon une vieille pensée absurde, vous devez tuer plusieurs animaux au nom de la recherche consacrée à leur sauvetage, fait remarquer Colin O'Brien directeur de PETA (Personnes pour un traitement éthique des animaux). Cet argument est aussi stupide que les propos de Walter Palmer qui affirme avoir tué le lion Cecil pour en sauver d'autres".